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au point de vue de l’archéologie, et l’habileté des trois Clouet entre autres, — famille de peintres dont M. de Laborde a le premier rétabli l’exacte généalogie, — a fourni à l’auteur plus d’un aperçu judicieux sur l’art du portrait en général et sur le mérite relatif des hommes qui l’ont pratiqué.

L’ouvrage de M. de Laborde nous montre où s’est arrêtée l’influence des peintres italiens appelés en France par François Ier : celui de M. Dussieux a pour but de constater l’action exercée à plusieurs époques par les artistes de notre pays sur l’art des divers peuples de l’Europe. Ce n’est pas qu’en traitant ce sujet tout à fait neuf d’ailleurs et très heureusement trouvé, l’auteur des Artistes français à l’étranger ait fait aux considérations générales une part assez large pour instruire complètement le lecteur ; il y a lieu de regretter au contraire qu’il ait cru devoir limiter à peu près son travail à une simple nomenclature. Cette longue liste de talens si diversement inspirés qu’ouvre au XIVe siècle le nom de Mathieu d’Arras et que celui de M. Horace Vernet clôt au XIXe, autorisait, nous le croyons, des commentaires plus étendus, et il n’eût pas été inutile d’indiquer, parallèlement aux mouvemens suscités a l’étranger par les exemples de notre école, sa marche dans notre pays même, ses variations et ses progrès. On se croit d’autant plus le droit de reprocher à M. Dussieux l’extrême sobriété de sa méthode, que les rares explications où il s’échappe laissent pressentir un goût exercé et une saine critique. Le même système d’abstention se retrouve dans une, autre publication faite par M. Dussieux en collaboration avec quelques érudits, d’après les manuscrits conservés à l’École impériale des beaux-Arts et qui a pour titre : Mémoires sur la vie et les ouvrages des membres de l’ancienne académie de peinture. « Nous n’avons pas cru, disent les éditeurs dans l’avant-propos, devoir ajouter des notes que chacun d’ailleurs ferait d’une manière différente. » Ce serait au mieux si tous les lecteurs étaient en mesure de tirer la conséquence des faits exposés dans ces diverses biographies ; mais M. Dussieux et les érudits qu’il a associés à son travail semblent ne pas se souvenir assez qu’en ce qui touche l’histoire de la peinture française, notre éducation est tout entière à faire. La plupart d’entre nous n’ignorent pas seulement les détails concernant la vie de chaque peintre ; ils ont besoin encore qu’on leur explique la corrélation qui existe entre les œuvres appartenant à notre école et le génie même de celle-ci. Or, à l’exception du livre de M. de Laborde, les publications que nous avons mentionnées ont plutôt l’utilité de catalogues que l’autorité de jugemens historiques. Elles peuvent satisfaire la curiosité des hommes qu’un apprentissage préalable a familiarisés avec les monumens de l’art national ; mais, quel que soit d’ailleurs leur mérite, il est douteux