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«… Sire, je vous supplie très humblement me donner champ à toute outrance, dedans lequel j’entends prouver par armes, audit Guichot Chabot, ce que j’ai dit et que je maintiens…, afin que par mes mains soit vérifiée toute l’offense qu’il a faite à Dieu, à son père et à justice.

« FRANÇOIS DE VIVONNE. »

Jarnac avait donné le premier démenti, en raison de quoi Vivonne le poursuivait comme demandeur et assaillant, et Jarnac demeura défendeur et soutenant, ce qui lui donnait le choix désarmes. Celui-ci adressa alors au roi le cartel[1] suivant :


AU ROY MONSEIGNEUR.

« Sire,

« Avec vostre bon plaisir et congé, je dy que François de Vivonne a menty de l’imputation qu’il m’a donnée, de laquelle je vous parlay à Compiègne, et pour ce, sire, je vous supplie très humblement qu’il vous plaise ly octroyer le combat à toute outrance.

« GUY CHABOT. »

Outre ce cartel, Jarnac écrivait à l’évêque de Béziers, qui était des favoris du roi et près de sa personne, pour le prier d’appuyer sa demande :

« Monsieur,

« La signature de cette lettre vous fera croire et dire en assuerance, partout où vous vous trouverez, que, touchant le différend d’entre La Chasteigneraye et moy, s’il plaist au roy nous donner lieu en ung coing de son royaume pour vuyder nostre différend par armes, je les porterai si braves, et moy encore plus, que je monstreray, dedans le lendemain au combat, la bonne nourriture que j’aye eue du feu roy François, fit que je tiens du roy mon seigneur que La Chasteigneraye n’a la bombe si forte que je ne l’arreste d’une livre de fer. Votre serviteur très humble,

« GUY CHABOT. »

Le cartel de Jarnac avec cette lettre ayant été montré à La Chasteigneraye, celui-ci envoya au roi cet autre cartel :

« Sire,

« Il vous a plu, par cy-devant, entendre le différend d’entre Guichot Chabot et moy, sur lequel j’ay lu une lettre signée de son nom, par laquelle il offre d’entrer dès demain dedans le champ, et porter armes si braves, et lui encore plus, qu’on cognoistra la nourriture qu’il a reçue du feu roy et de vous,se vantant de m’arrester d’une livre de fer. Et pour ce, sire, qu’il monstre venir au point que tousiours j’ay pourchassé, je vous supplie très humblement qu’il vous plaise me donner champ en vostre royaume, à toute outrance, pour combattre sur notre différend.

« FRANÇOIS DE VIVONNE. »

  1. Cartel, du mot latin chartula.