Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/939

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE


DERNIER DUEL JUDICIAIRE


EN FRANCE


SOUVENIRS DU CHATEAU DE SAINT-GERMAIN.




Je revenais d’Algérie l’année dernière, le, cœur tout plein de rancune contre les intolérables chaleurs que j’y avais éprouvées, quand l’heureuse idée me prit d’aller finir l’été a Saint-Germain, chez des amis qui m’y appelaient. Lorsqu’on n’a pas été brûlé ou étouffé pendant plusieurs mois par le soleil d’Afrique, on ne sait pas quel plaisir on goûte à se reposer à l’ombre. Les grands arbres de la forêt me procurèrent cette volupté, l’une des plus innocentes, à coup sûr, dont il soit donné à un honnête homme de jouir. Or, je l’ai dit, j’avais ce qu’il faut pour l’apprécier. N’a-t-on pas d’ailleurs sous les yeux le plus charmant paysage du haut de cette terrasse, bâtie par le grand roi, où l’air est si pur, où il fait si bon aller s’asseoir ? L’aspect de la vallée de la Seine, en cet endroit, me j’appelle deux autres sites bien remarquables aussi, qui ont avec la vue de la terrasse de Saint-Germain beaucoup de ressemblance : je veux parler de la vallée de l’Adour, au pied de l’esplanade de Pau, et de la vallée de la Tamise, vue du sommet de Richmond-Hill, près de Londres. Seulement, à Pau, l’œil est distrait par l’effet fantastique des pics neigeux de la chaîne pyrénéenne ; on regarde trop. À Richmond, on est attristé par l’aspect mélancolique du pays ; on rêve toujours. À