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en Californie, car c’est encore un des avantages de l’or et de l’argent que de ne point vieillir. Ne présentant pas au commerce des sortes différentes, comme le fer et le cuivre, essentiellement homogènes à l’état pur, ils sont continuellement rajeunis par la fonte et l’affinage. De cette manière, ils restent presque intégralement dans la circulation où ils sont une fois entrés, et les trouvailles de chaque année s’additionnent avec celles des temps antérieurs.

Les théoriciens et les hommes d’affaires étaient également intéressés à se rendre compte de la production annuelle des métaux précieux, et des quantités qui peuvent en exister dans le monde. On n’a épargné à ce sujet ni les laborieux calculs, ni les hypothèses ingénieuses. Presque toutes les évaluations de ce genre ont pour base les beaux travaux dont M. de Humboldt a puisé les élémens dans ses voyages au Nouveau-Monde et en Europe. Un érudit anglais, M. Jacob, a mis en lumière le côté historique du problème. Nous avons en France une autorité des plus sûres, M. Michel Chevalier, qui a résumé les travaux antérieurs avec la pénétration d’un économiste et le savoir d’un ingénieur métallurgiste. Depuis les phénomènes qui se produisent dans les nouvelles contrées aurifères, les études de ce genre ont été reprises dans les pays particulièrement intéressés à ces découvertes. On a remarqué récemment à Londres les tables statistiques de M. Byrkmire et un livre de M. Stirling[1] auquel nous emprunterons beaucoup de faits intéressans. Aux États-Unis, on ne se lasse pas des renseignemens et des supputations concernant les métaux monétaires. Il est à remarquer qu’entre un aussi grand nombre d’évaluations, les résultats ne présentent pas de ces écarts qui désolent trop souvent les statisticiens, ce qui autorise à penser que les recherches sur cette matière, malgré leur côté conjectural, touchent de très près à la vérité.

En analysant à. notre tour ces documens divers, en les contrôlant les uns par les autres, et au moyen des notes prises depuis quelques mois dans les journaux étrangers, nous avons dressé des tableaux qui présentent en quelque sorte la moyenne des faits connus.

Veut-on faire comprendra l’influence que peuvent avoir sur le commerce universel les exploitations aurifères de la Californie et de l’Australie, il faut commencer par établir la production annuelle de l’or et de l’argent depuis que les faits ont été constatés, l’abondance relative de ces métaux et les quantités toujours croissantes qui se sont répandues dans le monde.

  1. De la Découverte des Mines d’Or en Australie et en Californie, traduit par M. Augustin Planche, édité par M. Guillaumin.