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L’OR EN 1854




DE L’INFLUENCE DE L’OR AUSTRALIEN ET CALIFORNIE SUR LE MARCHÉ D’EUROPE.




La raréfaction de l’argent, l’affluence de l’or, c’est là un phénomène dont on commence à se préoccuper dans le monde commercial. Est-ce un bien est-ce un mal que cette surabondance du plus précieux des métaux employés comme monnaie ? En résultera-t-il un dérangement dans l’équilibre des valeurs, une perturbation dans les revenus ? Grandes questions, déjà controversées d’un bout à l’autre du monde, et que l’expérience tranchera avant peu d’années. Les optimistes, quoique en désaccord avec les prévisions de la science, ont eu un moment les apparences pour eux. La Californie était décriée en Europe par beaucoup de colons désappointés, et du côté de l’Australie, qui en était à ses débuts, on craignait une mystification. L’industrie, en voie d’expansion, demandait plus de capitaux qu’on n’en pouvait tirer des entrailles de la terre. Quant au prix relatif des deux métaux, on annonçait que des mines d’argent et de mercure nouvellement découvertes allaient contrebalancer les trouvailles californiennes. L’or, un instant déprécié après sa démonétisation en Hollande, regagnait son ancienne faveur, et l’hôtel des monnaies de Paris en frappait dix fois moins en 1852 qu’en 1851. Une commission officielle, délibérant sous ces influences, déclara que les craintes