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BEAUX-ARTS





L’Hémicycle du Palais des Beaux-Arts,
gravé d’après M. Delaroche, par M. HENRIQUEL-DUPONT.





A aucune époque peut-être, les œuvres de l’art français n’ont paru moins qu’aujourd’hui procéder de la méditation et des longs calculs. L’école du XVIIIe siècle elle-même, qui n’avait pas coutume, on le sait, de s’appesantir beaucoup sur ses travaux, semble presque patiente auprès de l’école moderne. Sauf quelques exceptions illustres et un certain nombre de talens pourvus au moins de loyauté à défaut d’autorité magistrale, les peintres et les sculpteurs contemporains sont avant tout des improvisateurs. Le temps est loin de nous où l’art national avait pour caractères essentiels la gravité et la conscience. Faut-il toutefois désespérer de l’avenir, et l’excès même du mal n’amènera-t-il pas une réaction prochaine et salutaire ? Quand nous serons las enfin de la facilité matérielle, des jongleries de l’exécution, de toutes les contrefaçons du mérite qui nous abusent encore, ne reviendrons-nous pas au culte de nos vieux chefs-d’œuvre, au respect des vraies conditions et du génie même de l’art français ? C’est une question qu’il est assurément permis de poser en présence de quelques œuvres nouvelles, et à propos surtout des derniers travaux de notre école de gravure. Déjà, en examinant les planches publiées dans le cours de l’année qui vient de finir, nous avons eu occasion de constater l’heureuse influence exercée sur plusieurs graveurs français par les exemples de nos anciens maîtres. Aujourd’hui c’est dans un travail beaucoup plus important à tous égards, c’est