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par le billet suivant, où elle insinue tout bas sur La Rochefoucauld ce que Mme de Guymenée en disait sans faire de façons :


« L’explication que vous donnez à cette maxime : que l’esprit est toujours la dupe du cœur, est plus que joliment entendue ; mais ce joliment-là est fort joliment dit, et vous avez admirablement bien achevé la maxime. Il est vrai que l’amour la fait mieux entendre que les autres passions, mais cela n’empesche pas qu’il ne soit vrai que l’esprit est partout la dupe du cœur.

« L’auteur a trouvé dans son humeur la maxime de la paresse, car jamais il n’y en a eu une si grande que la sienne, et je crois que son cœur, aussi inofficieux qu’il est, a autant ce défaut par sa paresse que par sa volonté. Elle ne lui a jamais pu permettre de faire la moindre action pour autrui, et je crois que parmi ses grands désirs et ses grandes espérances, il est quelquefois paresseux pour-lui-mesme.

« Ce que vous dites, que l’auteur ne pourra mettre en usage sa finesse, est fort bien pensé. Vous verrez dans une de mes maximes que nous nous sommes rencontrées. En vérité, vous estes une habile personne. »


Voici maintenant une femme d’une époque un peu plus avancée du XVIIe siècle, qui n’a pas connu l’hôtel de Rambouillet, et qui vient de la société de Mlle de Scudéry et de la cour de Mademoiselle, une amie de Huet, de Ménage, de Pélisson, qui porta dans le cloître le goût du bel esprit, en retenant celui de sa profession, une digne abbesse, mais une abbesse un peu précieuse et d’une amabilité assez mondaine, religieuse irréprochable et même édifiante, mais propre aux amitiés délicates et particulières avec une pointe de chaste coquetterie, la fille, qui le dirait ? de Mme de Montbazon, mais la nièce aussi de la noble Mme de Vertus, en un mot Marie-Eléonore de Rohan,