Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SCIENCES





DES TABLES TOURNANTES


AU POINT DE VUE DE LA MÉCANIQUE ET DE LA PHYSIOLOGIE.






Adeòne me delirare censes, ut ista esse credam ?
Me jugez-vous donc assez en délire pour croire
à l’existence de pareilles choses ?
(CICÉRON, Tusculanes, liv. I.)


Voici les faits à expliquer. Plusieurs personnes entourent une table ou un autre objet mobile ; elles posent les mains dessus en établissant de plus un léger contact entre l’extrémité de leurs doigts. Au bout d’un certain temps, qui, dans bien des cas, peut être de plusieurs quarts d’heure, la table, poussée par les petites impulsions concordantes des mains imposées, se met en mouvement à droite ou à gauche. Ce mouvement peut avoir une énergie considérable, qui se manifeste soit par une vitesse très grande dans le corps mobile, soit par une forte résistance qu’on éprouve quand on veut l’arrêter. Si les mêmes personnes ont déjà réussi à mettre la table en mouvement, le contact des extrémités des mains devient beaucoup moins nécessaire, et souvent les divers opérateurs peuvent agir isolément. Non-seulement la pression des mains détermine des mouvemens de rotation dans la table, mais encore des soulèvemens énergiques d’un côté ou d’un autre. Tous ces effets sont pour ainsi dire produits, à l’insu des opérateurs, par ces petits mouvemens désignés sous le nom de mouvemens involontaires, et dont il semble que nous n’ayons point la conscience. C’est le cas de la baguette divinatoire, de l’anneau suspendu à un fil que l’on appuie sur le front en regardant une direction marquée, et de tous les mouvemens que l’étonnement, l’admiration, la crainte, la surprise, et en général les sensations imprévues, déterminent spontanément dans nos organes. Ajoutons qu’il suffit d’une très légère ma-