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considéraient de nouveau comme libres. Déjà même le 14 janvier, surlendemain de la mort de Maximilien, le comte palatin avait écrit d’Heidelberg à François Ier qu’il était dans les mêmes sentimens qu’autrefois à son égard, et qu’il donnerait des sûretés pour son vote en retour de l’argent qui lui serait remis, si on lui gardait le secret[1]. L’archevêque de Trêves était demeuré inébranlablement fidèle, et Moltzan annonça que le margrave de Brandebourg et l’électeur de Mayence proposaient de revenir à François 1er[2]. Moltzan les avait envoyées aux ambassadeurs de François Ier sur les frontières d’Allemagne. Ils offrirent en effet de le soutenir vivement à certaines conditions. — Voici ces conditions pour les deux frères[3].

Le margrave demandait que la dot de la princesse Renée fût portée à 200,000 écus d’or, dont 100,000 payables le 1er mai à Berlin, et les 100,000 autres immédiatement après l’élection, que sa pension fût fixée à 12,000 florins d’or, que le roi mariât son second fils en France, ainsi qu’il lui en faisait l’offre, et qu’il lui prêtât secours s’il était attaqué[4]. L’archevêque, couvrant sous l’apparence d’une fondation religieuse la vente de son suffrage, comme le margrave donnait à la vente du sien la forme d’une dot, exigeait, pour l’érection d’une église à Halle, une somme de 120,000 florins d’or payable moitié le 1er mai, moitié le 15 juillet de cette année; le titre de légat perpétuel en Allemagne, obtenu du pape par les soins du roi; la faculté de désigner ses coadjuteurs, la confirmation des privilèges qui lui appartenaient en sa +ouble qualité d’archevêque de Mayence et d’archi-chancelier de l’empire; enfin l’assurance d’être soutenu dans ses démêlés avec le landgrave de Hesse et la ville d’Erfurt, et protégé contre l’inimitié des archiducs d’Autriche et l’opposition de son propre chapitre, qui était favorable au roi catholique[5].

En recevant les propositions des deux frères et bien qu’il les trouvât sous certains rapports excessives, François Ier fut rempli d’espérance. Décidé à les accepter, s’ils ne voulaient rien en rabattre, il envoya successivement à Berlin l’écuyer Francisque, La Poussinnière et Bazoges avec le pouvoir de les discuter et de les admettre. Il se croyait d’autant plus fondé à compter dès ce moment sur son

  1. Lettre latine de l’électeur palatin à François Ier, du 14 janvier. Bib. nat., mss. Colbert, vol. 385, p. 6, copie.
  2. Lettre de François Ier à ses ambassadeurs, du 11 fév. et du 8 mars. Mss. de La Mare, 103322/3, f° 52-61.
  3. Lettre de J. Moltzan du 12 mars 1519, mss. Dupuy, vol. 264, f° 1.
  4. Primi articuli. L’original avec le déchiffrement des mots chiffrés écrit dessus. Mss. Dupuy, vol. 263. Envoi de ces articles à François Ier par Jean d’Albret, Bonnivet, etc., qui les avaient reçus de Moltzan à Lunéville. Lettre du 28 mars 1519. Mss. de La Mare, 10532/3 f° 119.
  5. Articuli moguntini. L’original mss. Dupuy, vol. 263.