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d’Ehrenbreitstein le docteur Henri Dungin de Vuitlich, son chancelier, auprès de François Ier[1], auquel engagea son vote. Le margrave Joachim de Brandebourg ne fit pas attendre le sien. Le docteur Bernard Zedwitz, le bourgmestre de Crossen Melchior Pfül, le gentilhomme brandebourgeois Joachim de Moltzan, ses conseillers et ses plénipotentiaires, se rendirent des bords de la Sprée sur ceux de la Somme, et en traitèrent à Abbeville avec le chancelier Du Prat, investi de toute la confiance et dépositaire des pouvoirs particuliers de son maître. Une étroite confédération fut conclue, le 26 juin 1517, entre le roi et le margrave. Le roi devait donner la seconde fille de Louis XII, la princesse Renée, alors âgée de huit ans, en mariage au prince électoral de Brandebourg, avec une dot dd 150,000 écus d’or au soleil (8,300,000 francs au moins)[2] et une pension de 4,000 livres. Une autre pension de 8,000 livres était accordée au margrave, qui s’obligeait à fournir, en cas de guerre, des levées de reitres et de lansquenets aux frais de François Ier, qu’il promettait de plus de porter à l’empire[3].

Le 17 août, l’électeur Joachim ratifia en ces termes, à Cologne sur la Sprée, et le traité de confédération, et la promesse de son suffrage : « Nous nous attachons, disait-il, au seigneur François Ier, roi des Français, duc de Milan, seigneur de Gênes, dont la renommée et l’humanité brillent dans tout l’empire, et, requis par ses ambassadeurs, nous avons promis pour la gloire du Dieu tout-puissant, de la foi chrétienne et de l’église catholique, pour l’honneur, l’avantage et l’élévation de tout l’empire romain, et par ces présentes nous promettons de bonne foi qu’à la mort du sérénissime et très invincible empereur notre maître, le seigneur Maximilien, que Dieu par sa grâce fasse vivre longtemps, lorsque l’empire romain vaquera, et qu’avec nos confrères amis et cousins les princes électeurs, nous nous réunirons dans le lieu ordinaire de notre libre élection, et que nous pourrons comprendre que leur voix et la nôtre serviront à

  1. Archives générales de France, section historique, carton J.. 995. Pièce du 8 novembre 1516. L’original latin avec les sceaux pendans en cire noire. — Plus tard, le 23 octobre 1518, le roi le fit remercier de la fidélité qu’il lui avait gardée à la diète d’Augsbourg. « Et primum archiepiscopo treverensi dicet quod christianissimus rex ingentes ei gratias agit, tum propter firmam et constantem voluntatem quam illi servavit... tum quod cæteros principes hortatus est et monuit ut idem facerent. » Instructions à J. de Moltzan. Ibid, carton J. 952.
  2. L’écu d’or au soleil de François Ier de 1519 pesait 3 grammes 25 centigrammes à 3 francs 30 centimes le gramme, ce qui en portait la valeur métallique à 11 fr. 5 cent. Or, le pouvoir de l’or et de l’argent étant à cette époque cinq fois plus fort au moins qu’aujourd’hui, un écu d’or au soleil de 1519 avait la valeur relative de 55 fr. 25 e. de notre monnaie actuelle.
  3. Ibid. Minute originale.