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main, avait été mis au ban de l’empire, battu et dépouillé même de l’avouerie de Haguenau, dont l’empereur s’était emparé et qu’il avait gardée. Le comte palatin Louis n’avait pas encore reçu l’investiture impériale. Sa politique et ses ressentimens le poussaient du côté de la France; mais ses craintes et son avarice pouvaient le ramènera l’Autriche.

Richard de Greiffenclau de Wolrath, archevêque-électeur de Trêves, était préoccupé des périls de l’Allemagne, et voyait avec alarme la grandeur toujours croissante de la maison de Habsbourg. La contiguïté des territoires avait amené entre elle et lui, ainsi que cela arrive ordinairement, l’opposition des intérêts. Voisin des Pays-Bas comme le duc de Gueldre, le prince-évêque de Liège, le duc de Bouillon, seigneur de Sedan, le duc de Lorraine, il était, comme eux, l’adversaire naturel de leur souverain, et il ne se souciait pas que celui-ci, déjà possesseur de tant de royaumes, devint encore le chef de l’empire. Aussi penchait-il pour François Ier. Son appui était d’autant plus précieux, qu’il joignait à une rare prudence une fermeté habile.

L’archevêque-électeur de Cologne, Hermann de Wied, lui ressemblait peu. C’était un prince sans direction fixe. Timide par scrupule autant que par faiblesse, manquant à la fois de lumières et de volonté, il était livré à des influences qui entraînaient ou paralysaient ses résolutions selon qu’elles s’accordaient ou se combattaient entre elles. Avec ce caractère, il était à croire qu’il attendrait le dernier moment pour se prononcer en faveur du prétendant qui lui semblerait avoir le plus de droits, parce qu’il aurait le plus de chances. Quant au jeune roi Louis, électeur de Bohême, il ne disposait pas encore de son suffrage. A peine âgé de treize ans, il était placé sous la double tutelle de son oncle, le roi Sigismond de Pologne, et de l’empereur Maximilien. Le pacte de succession qui unissait les maisons de Bohême et d’Autriche, les mariages projetés entre le roi Louis et l’archiduchesse Marie, sœur du roi catholique, l’archiduc Ferdinand, frère de celui-ci, et Anne, sœur de Louis, assuraient en quelque sorte d’avance le suffrage de cet électorat à un prince autrichien.


II.

Plus de deux ans avant la mort de Maximilien, plusieurs électeurs, séduits par la valeur de François Ier, frappés de sa puissance, qui lui aurait permis de protéger efficacement l’Allemagne, et attirés par son argent, songèrent à lui assurer la future possession de la couronne impériale. L’archevêque de Trêves ouvrit à ce sujet les négociations. Dès le mois de novembre 1516, il envoya de son château