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instrumens usités en Europe, des échantillons de toutes les graines cultivées, des représentations exactement réduites des animaux primés depuis l’origine des concours. Son marchand grainetier, M. Peter Lawson, a le plus bel établissement de ce genre qui existe; tout le monde a pu admirer la collection vraiment unique de graines qu’il avait envoyée à l’exposition universelle de 1851. Des journaux spéciaux, de petits livres à bon marché, des meetings locaux, des cours par souscription, multiplient, comme en Angleterre, les moyens de propagation, et comme témoignage de l’intérêt scientifique qui s’attache à ces études, il y a depuis longtemps, au nombre des chaires de l’université d’Edimbourg, une des plus justement estimées de l’Europe, une chaire d’agriculture, aujourd’hui confiée au célèbre David Low.

Tous ces encouragemens, quelque puissans qu’ils soient, ne suffiraient pas pour expliquer les prodigieux progrès de l’agriculture écossaise; ils en ont été les instrumens, non les causes premières; les véritables causes sont les mêmes qu’en Angleterre; et si leur effet a été plus rapide, c’est qu’elles se sont produites tout à coup et sans gradation, — , je veux parler de la richesse industrielle et des institutions libres.

Si l’histoire industrielle de l’Angleterre est admirable, que dire de celle de l’Écosse ? Un seul exemple en fera juger : les comtés de Lanark et de Renfrew, qui sont le principal siège de l’activité manufacturière et commerciale, ont passé en cent ans de 100,000 à 600,000 âmes de population, et la seule ville de Glasgow, de 20,000 habitans à plus de 300,000. La vallée de la Clyde, autrefois déserte, rivalise aujourd’hui avec le riche comté de Lancastre pour ses houillères, ses usines de toutes sortes, son immense navigation. Le germe même de tant de richesse n’existait pas en 1750; ce sont les capitaux anglais qui, aidés du génie laborieux et frugal de l’Écosse, ont transformé à ce point en si peu d’années cette terre inerte. Grand et décisif exemple de ce que peut pour un pays pauvre et sans industrie l’association avec un pays riche et déjà industriel : tant que l’Écosse est restée isolée de l’Angleterre et réduite à ses propres forces, elle a végété; mais dès qu’elle s’est ouverte aux capitaux et aux exemples de sa puissante voisine, elle a pris un essor au moins égal. Cet élan industriel a été suivi, comme partout, d’un progrès agricole correspondant. A mesure que le commerce et les manufactures multiplient les hommes et augmentent les salaires, l’agriculture fait de nouveaux efforts pour nourrir cette foule toujours croissante de consommateurs, et dans un pays aussi petit que la basse Écosse il suffit d’un point aussi peuplé que Glasgow et ses dépendances pour que la demande de produits agricoles se fasse sentir partout.

L’union a d’ailleurs, et c’est par là surtout qu’elle a enrichi tout d’abord l’agriculture écossaise, ouvert aux produits de ce pays