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de ceux à qui elles accordent cette faveur, que bien peu d’entre eux manquent à leurs engagemens.

Cet admirable mécanisme produit une facilité incroyable dans les transactions. Les ventes et achats de quelque importance se soldent par de simples viremens, une émission très peu considérable de billets suffit aux besoins de la circulation la plus active : l’agriculture en profite comme l’industrie. On peut dire que l’argent ne manque jamais, dans une proportion raisonnable, à la spéculation, même agricole. Chacun se fait un point d’honneur de n’en point abuser, ce qui maintient ce crédit universel. Tout le monde se connaît d’ailleurs dans ces petites bourgades, dont chacune a son comptoir ; tout se passe au grand jour, sous une surveillance réciproque, et quand un fermier emprunte à la banque, on sait pourquoi. Ces banques prêtent même sur hypothèque, mais rarement et toujours à court terme, bien qu’elles soient couvertes par la forme énergique de l’hypothèque anglaise ou mortgage, qui n’est pas autre chose que notre vente à réméré. Les prêts hypothécaires ont une utilité moins immédiate pour l’agriculture en Écosse et en Angleterre qu’en France, parce que la culture y est plus généralement séparée de la propriété ; ils ont cependant leur importance à cause des avances que le propriétaire est souvent obligé de faire pour des améliorations foncières, et sous cette forme comme sous toute autre, l’argent abonde à de bonnes conditions ; ce sont surtout les sociétés d’assurances sur la vie qui prêtent sur hypothèque dans le royaume-uni.

En même temps, tous les moyens de répandre les bonnes méthodes sont au moins aussi usités en Écosse qu’en Angleterre. La Société d’agriculture d’Écosse, Highland and agricultural Society of Scotland, date de 1784 ; elle a précédé d’un demi-siècle la formation de la Société royale d’Angleterre. Elle se compose de près de 3,000 membres ; la souscription annuelle est de 30 francs, et peut être rachetée par un seul paiement, qui varie, suivant les cas, de 2 à 300 francs Le président actuel est le duc de Roxburgh ; les ducs de Buccleugh, de Sutherland, d’Hamilton, de Montrose, etc., en ont rempli successivement les fonctions. Les vice-présidens sont lord Aberdeen, lord Breadalbane, lord Dalhousie, lord Douglas, etc. La société distribue par an une foule de prix distribués en plusieurs classes : procédés agricoles et cultures spéciales, bois et plantations, défrichemens de terres incultes, machines agricoles, bétail de toute espèce, produits du laitage, habitations rurales. Ses concours, qui se terminent toujours par un grand dîner, où le dernier des fermiers peut s’asseoir à côté des chefs les plus éminens de l’aristocratie, ont au moins autant de retentissement que ceux de sa rivale d’Angleterre. Elle possède à Edimbourg un musée rural où se trouvent des modèles de tous les