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avec une abondance qui permet tous les ans une immense exportation. De l’aveu même des Anglais, l’agriculture écossaise est aujourd’hui supérieure à l’agriculture anglaise elle-même, au moins dans quelques parties ; c’est en Écosse que les cultivateurs envoient surtout leurs enfans comme apprentis dans des fermes modèles ; les meilleurs livres d’agriculture qui aient paru dans ces derniers temps ont été publiés en Écosse, et quand les propriétaires anglais veulent avoir un bon régisseur, bailiff, c’est en Écosse qu’ils vont le chercher.

L’Écosse, avec les îles adjacentes, forme une étendue totale de 19 millions d’acres anglais ou 7 millions 600,000 hectares ; les trois quarts de cette superficie sont absolument incultivables ; ils se trouvent pour la plupart dans les Highlands et les îles qui en dépendent, comme les Hébrides et les Shetland. Les 2 millions 1/2 d’hectares cultivés doivent se décomposer ainsi :

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Prés et pâtures 1,000,000 hectares.
Avoine 500,000
Orge 200,000
Froment 150,000
Turneps 200,000
Trèfle 200,000
Pommes de terre 100,000
Jachères 100,000
Cultures diverses 50,000
Total 2,500,000 hectares.

L’étendue de la sale d’avoine est due aux Highlands, qui ne récoltent presque pas d’autre grain ; dans les Lowlands, l’assolement quadriennal est maintenant généralement suivi. Le produit brut moyen de chaque culture par hectare étant à peu près le même qu’en Angleterre, l’ensemble de la production végétale destinée à l’alimentation de l’homme, en y comprenant l’avoine, qui forme en effet la base de la nourriture nationale, peut être évalué à 10 millions sterling ou 250 millions de francs ; la production animale doit être au moins égale, ce qui porte à plus de 500 millions le produit total. La population étant de 2,600,000 âmes, c’est une moyenne de 200 fr. par tête, comme en Angleterre, tandis qu’en France la moyenne n’est que de 140, et la réduction de 20 pour 100 est ici moins à sa place, les prix écossais se rapprochant beaucoup des prix français !

Comment l’Écosse est-elle arrivée si rapidement à ce beau produit malgré l’infertilité naturelle de son sol et de son climat ?

La propriété y est encore moins divisée qu’en Angleterre, et l’usage des substitutions plus strict et plus général. On estime à 7,800 le nombre total des propriétaires, ce qui donnerait une moyenne de 1,000 hectares par propriété, mais ce sont les Highlands qui élèvent