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L’ÉCONOMIE RURALE


EN ANGLETERRE.





VII.


L’ECOSSE.[1]




I.

L’Ecosse est un des plus grands exemples qui existent au monde de la puissance de l’homme sur la nature. Je ne connais que la Hollande qui puisse rivaliser; la Suisse elle-même n’offrait pas d’aussi grands obstacles à l’industrie humaine. Ce qui ajoute encore à la merveille de ce développement de prospérité sur un sol si ingrat, c’est qu’il est tout récent. L’Ecosse n’a pas les mêmes précédens que l’Angleterre. Il y a seulement un siècle, c’était encore un des pays les plus pauvres et les plus barbares de l’Europe. Les derniers restes de l’antique pauvreté n’ont pas tout à fait disparu, mais on peut affirmer que, dans l’ensemble, il n’y a pas aujourd’hui sous le soleil de région plus heureuse et mieux ordonnée. Sa production totale a décuplé dans le cours de ce siècle. Les produits agricoles ont à eux seuls augmenté dans une proportion énorme. Au lieu des disettes périodiques qui dévastaient autrefois ce royaume, et dont l’une surtout, celle de 1693 à 1700, qui a duré sept ans entiers, a laissé le plus formidable souvenir, les denrées alimentaires s’y produisent

  1. Voyez les livraisons du 15 janvier, Ier et 15 mars, 15 avril, 15 octobre et 15 décembre 1853.