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et expliquait ainsi cette nuance : « La phrase dit que « le gouvernement de sa majesté le sultan restera fidèle à la lettre et à l’esprit des stipulations des traités de Kainardji et d’Andrinople relatives à la protection du culte chrétien. » Sur ce point, pas d’objections, puisque, suivant la déclaration de Rechid-Pacha, « comme personne ne saurait nier que ce traité existe, et qu’il est confirmé par celui d’Andrinople, il est de toute évidence que les dispositions précises en seront fidèlement observées. » Quant à la seconde partie de la phrase, elle ne dépend en aucune façon de la première ; elle en est au contraire disjointe. Elle ne veut pas dire que, comme conséquence des traités, le sultan regardera, etc. ; le mot et a été expressément introduit pour empêcher qu’on ne pût tirer une pareille conséquence. Il faut donc lire ces deux articulations distinctes : d’un côté, « le sultan restera fidèle aux traités, etc. ; » de l’autre, « sa majesté regarde aussi comme étant de son honneur de faire observer… la jouissance des privilèges spirituels qui ont été accordés… à l’église orthodoxe d’Orient. » Il n’y a là par conséquent rien qui puisse fournir à la Russie des motifs de prétendre a un droit de surveillance et d’immixtion. »

Sur la troisième objection, continuait lord Clarendon, les vues du gouvernement anglais étaient précisément celles qu’exprimait Rechid-Pacha dans ce passage de son mémorandum : « On ne saurait douter que le gouvernement impérial n’hésitera pas à faire participer le rit grec non-seulement aux avantages qu’il a de sa propre volonté accordés aux autres communions de la religion chrétienne professée par les communautés ses sujettes, mais aussi à ceux qu’il pourrait leur octroyer à l’avenir. » La conférence de Vienne n’avait pas demandé autre chose. « Il serait tout simplement absurde, ajoutait lord Clarendon, de supposer que l’idée ait pu lui venir d’étendre à plusieurs millions de sujets de la Porte des privilèges religieux accordés à diverses époques aux sujets d’autres puissances résidant sur le territoire ottoman. Le gouvernement anglais n’a jamais craint, et il ne le redoute pas davantage après y avoir de nouveau réfléchi, que ce passage puisse être interprété dans le sens que lui attribue Rechid-Pacha. Il ne peut pas apercevoir entre le passage de la note de Vienne et la modification proposée par la Porte une différence substantielle de nature à donner lieu à des contestations ultérieures. »

Telles étaient les explications affirmatives de l’Angleterre sur les trois points douteux. Lord Clarendon regrettait donc que la Porte n’eût point accepté d’emblée la note de Vienne ; elle n’aurait pas dû hésiter, puisque les modifications turques ne faisaient qu’interpréter la note dans le sens que lui donnaient les quatre puissances ; au fait, si quelque discussion se fût élevée plus tard à ce sujet entre la