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pour ce dernier article que pour les privilèges spéciaux des religieux russes.

« J’ai reçu par iradé de sa hautesse l’ordre de vous communiquer cette décision, et je saisis cette occasion de vous réitérer, etc.

« RECHID. »


Voilà les deux documens que, dans la pensée de M. de Buol, il s’agissait de fondre ensemble. Pour peu qu’on les ait lus avec réflexion, on a dû s’apercevoir que cette fusion n’était point aisée. Le langage diplomatique, à travers ses formules d’étiquette, ses tours et ses nuances, prend quelquefois des airs de subtilité qui déroutent les esprits inattentifs ; mais l’on conviendra qu’il y avait autre chose qu’une différence de mots entre les deux documens que nous venons de reproduire. Le premier surtout, si on le commente par les demandes de traité secret et de sened qui l’avaient précédé, était un engagement manifeste contracté par la Perte envers la Russie ; le second n’était évidemment qu’une notification amicale. Pourtant le gouvernement français tenta cette fusion. Le 27 juin, le comte Walewski communiqua à lord Clarendon le projet de note suivant, comme pouvant être substitué, en les combinant, à la note du prince Menchikof et à celle de Rechid-Pacha.


« Le départ de M. le prince Menchikof, dans des circonstances qui auraient pu jeter des doutes, heureusement mal fondés, sur le caractère amical et confiant des relations que sa majesté le sultan a à cœur d’entretenir et de resserrer avec son auguste allié et voisin sa majesté l’empereur de Russie, a profondément peiné la Sublime-Porte. Elle s’est donc occupée soigneusement de rechercher les moyens d’effacer les traces d’un si regrettable malentendu, et un iradé suprême, en date de - -, lui ayant fait connaître la décision Impériale, elle se félicite de pouvoir la communiquer à son excellence l’ambassadeur de Russie (ou à son excellence M. le comte de Nesselrode).

« Si à toute époque les empereurs de Russie ont témoigné leur active sollicitude pour le maintien des immunités et privilèges de l’église orthodoxe grecque dans l’empire ottoman, les sultans ne se sont jamais refusés à les consacrer de nouveau par des actes solennels qui attestaient leur ancienne et constante bienveillance à l’égard de leurs sujets chrétiens.

« Sa majesté le sultan Abdul-Medjid aujourd’hui régnant, animé des mêmes dispositions et voulant donner à sa majesté l’empereur de Russie un témoignage personnel de son amitié la plus sincère et de son désir intime de consolider les anciennes relations de bon voisinage et de parfaite, entente qui existent entre les deux états, n’a écouté que sa confiance infinie dans les qualités éminentes de son auguste ami et allié, et a daigné prendre en sérieuse considération les représentations dont son excellence M. le prince Menchikof s’est rendu l’organe auprès d’elle.

« Le soussigné a reçu en conséquence l’ordre de déclarer par la présente que le gouvernement de sa majesté le sultan regarde qu’il est de son honneur de faire observer à tout jamais et de préserver de toute atteinte, soit présentement,