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l’homme est d’autant plus responsable de ses actes qu’il peut fortifier sa volonté au bien par le secours de la grâce qui descend dans le cœur de tous ceux qui l’invoquent avec sincérité.

« Soyez ferme dans vos bonnes résolutions, mon fils; marchez hardiment dans le droit sentier que nous a tracé Jésus-Christ, et, quoi qu’il arrive, ne vous laissez intimider ni par les railleries des esprits forts, ni par les menaces des méchans. « Que votre paix intérieure ne dépende pas de la langue des hommes. » Faites le bien, et comptez sur la justice de Dieu. « S’il y a quelque joie en ce monde, elle est le partage d’un cœur pur, et, s’il y a un endroit où règnent l’affliction et l’inquiétude, c’est dans une mauvaise conscience. » Attendez-vous à des revers, à des mécomptes dans vos projets; préparez votre âme à subir l’injustice et votre corps à supporter la douleur. Cette vie n’est qu’une préparation à une vie supérieure, une épreuve qui nous est imposée pour essayer notre courage. Tout ce qui vient des hommes est imparfait et transitoire ; les plaisirs des sens s’épuisent vite et passent comme une ombre; il n’y a d’infini que les plaisirs de l’esprit, qui cherche à se prouver à lui-même les grandes vérités que nous tenons de la foi et du sentiment.

« Avant de finir cet entretien où mon cœur s’épanche avec tant d’abandon, comme si j’avais le pressentiment que je vous vois pour la dernière fois, et où il semble que Dieu m’ait inspiré des idées et un langage fort au-dessus de mon intelligence, comme s’il eût voulu vous parler par ma voix, laissez-moi vous prémunir encore contre un danger sans doute imaginaire, mais qu’il est de mon devoir de signaler. Ai-je besoin de vous dire combien doit être respectée par vous la noble fille qui vous a recueilli et qui vous a honoré d’une affection de sœur ? Vous lui devez tout, l’instruction que vous avez reçue, le bien-être dont vous jouissez, et le brillant avenir qui vous attend. Si jamais vous sentiez votre cœur envahi par des rêves impossibles, j’aime à croire que vous repousseriez loin de vous une idée coupable qui ferait votre honte et votre malheur. Je ne m’explique pas davantage, » ajouta Catarina en jetant sur son fils un regard scrutateur qui le fit pâlir. Après un moment de silence qui parut bien long à Lorenzo :

«Et maintenant je n’ai plus rien à vous dire, mon fils, reprit-elle, si ce n’est de garder le souvenir de cette soirée. Restez fidèle à la foi de votre mère, méditez sur les belles maximes de votre père, honorez sa mémoire. N’oubliez jamais que sous cette terre bénie que vous foulez d’un pied si distrait gémissent les méchans dans la nuit éternelle, et qu’au-dessus de votre tête, par-delà ce soleil qui nous échauffe et nous inonde de sa clarté, est le séjour des bienheureux, celui des anges et du Seigneur. »

Catarina se leva alors, et, après avoir béni son fils, elle le pressa