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JEAN-JACQUES ROUSSEAU
SA VIE ET SES OUVRAGES.


VIII.

RUPTURE AVEC Mme D’ÉPINAY, GRIMM ET DIDEROT.


Séparateur


Il y a dans la rupture de Jean-Jacques Rousseau avec Mme d’Épinay, avec Grimm et Diderot, avec le parti philosophique, deux points à considérer : il y a le récit de la rupture et ses causes particulières, il y a aussi ses causes et ses effets généraux. L’histoire de cette rupture et le détail de ses causes sont une enquête curieuse sur le caractère de Rousseau. L’étude des causes générales se rattache à toute l’histoire littéraire du XVIIIe siècle et à cette grande scission qui se fait dans le parti philosophique entre ceux qui s’approchent du matérialisme pour mieux éviter de rencontrer Dieu et la religion, et ceux qui se rapprochent du spiritualisme et de Dieu sans vouloir aller jusqu’au christianisme. Il y a peu d’athées et de matérialistes décidés dans le XVIIIe siècle, mais l’athéisme et le naturalisme ont beaucoup d’amis involontaires. Il y a aussi peu de chrétiens sévères et fervens dans le monde lettré du XVIIIe siècle, mais le christianisme et les idées religieuses y ont gardé aussi beaucoup d’amis involontaires. Le christianisme et l’athéisme sont pour ainsi dire les deux pôles opposés du