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européenne a fait éclore. — On rétablit d’abord le statu quo ante bellum. — Pour ce qui concernait le Holstein, personne ne s’en étonnait. Simple annexe de la monarchie danoise et faisant partie de la confédération germanique, il n’avait aucune raison de demander ou de subir les institutions que s’était volontairement données le Danemark ; mais de quel droit défendait-on au Slesvig de participer à la constitution danoise, promulguée après le commencement de la guerre ? Aussi n’était-ce là qu’une disposition transitoire. À la suite des protocoles de Londres et de Varsovie (2 août et 24 mai 1851) et des traités avec la Prusse et l’Allemagne, la publication royale [Kundgioerelse) du 28 janvier 1852 annonça au Danemark qu’un arrangement définitif avait été conclu de concert avec les grandes puissances. Que devenait le Slesvig, pour la possession, pour l’incorporation duquel on s’était battu ?

Le gouvernement danois se décidait à abandonner les plans du parti des Danois jusqu’à l’Eider (Eider-Danske), qui, redoutant le contact de l’Allemagne, voulait étendre les institutions danoises au Slesvig, mais non pas au Holstein, simple annexe du royaume, et il adoptait la doctrine du heehslat, c’est-à-dire du parti qui voulait l’intégrité absolue de toutes les parties de la monarchie danoise, réunies, malgré leur nationalité diverse, sous des institutions communes. Le gouvernement danois s’engageait, par le même acte, à soumettre aux chambres dans le plus bref délai possible un projet de constitution commune pour toutes les provinces du royaume. Tout à l’heure le Danemark pouvait se plaindre d’avoir obtenu trop peu après toutes ses victoires, puisqu’on semblait détacher le Slesvig du royaume ; maintenant la diplomatie européenne lui accordait trop en vérité, puisqu’on proposait une incorporation dangereuse du Holstein. Pour comble de contradiction, la publication royale, en attendant l’exécution de ces promesses, réglait le gouvernement de telle sorte, que la constitution danoise restait confinée dans le Danemark proprement dit, c’est-à-dire le Jutland septentrional et les îles. La diète danoise ne représentait ainsi que cette partie du royaume ; certaines affaires étaient reconnues communes aux deux duchés de Slesvig et de Holstein, et traitées par les deux ministres de Slesvig et de Holstein-Lauenbourg. Ces deux ministres enfin n’étaient responsables qu’envers le roi ; la responsabilité des autres ministres danois s’appliquait seulement à celles de leurs attributions qui concernaient le royaume proprement dit. Enfin chacun des duchés aurait une assemblée d’états provinciaux avec voix délibérative sur les questions qui étaient du ressort des anciens états.

Si telle devait être l’issue des efforts, des victoires même du Danemark, c’était, on le comprendra sans peine, une véritable, une cruelle