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DE LA


SCIENCE DES POISONS


CONSIDEREE


DANS L’HISTOIRE.




TRAVAUX D’ORFILA.




On serait tenté de croire que de très bonne heure, dans les soupçons d’empoisonnement, la justice a eu l’idée de faire examiner le corps des victimes et d’y rechercher le poison. — Une substance vénéneuse avait été introduite, disait l’accusation : quoi de plus simple que de voir s’il en était ainsi et de prouver a la défense qu’elle avait tort en extrayant le poison, ou d’infirmer l’accusation en établissant que la mort était naturelle ? Cependant cette idée n’est simple qu’en apparence, et au fond elle est très complexe. Sans doute il est possible (et pourtant cela n’est pas sûr) que l’idée de rechercher la substance toxique dans les personnes qui avaient succombé se soit présentée à l’esprit lorsqu’il s’est agi de discuter une affaire d’empoisonnement ; mais les moyens de traiter une pareille question ont longtemps fait défaut, et en vain aurait-on voulu, dans les temps anciens, opérer scientifiquement, comme on fait aujourd’hui, sur les accusations d’empoisonnement, et mettre sous les yeux des juges la pièce probante, c’est-à-dire cette substance accusatrice qui sort des entrailles du mort pour confondre le meurtrier, ou bien réduire à néant des inculpations haineuses et aveugles, et trouver dans les symptômes et les lésions la marque incontestable d’une maladie spontanée. Ceci