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BOLINGBROKE


SA VIE ET SON TEMPS.





DERNIÈRE PARTIE.[1]




XXII.

La cause de l’opposition en janvier 1735 paraissait désespérée, au moins pour sept ans. Après de si grands efforts, c’était une défaite décisive, et Bolingbroke donna le signal de la retraite. Une passion de loisir champêtre et littéraire le reprit soudain, et il partit pour la France, où il alla s’établir en Touraine.

«Mon rôle est fini, écrivait-il à sir William Wyndham, et celui qui reste sur le théâtre après que son rôle est fini mérite d’être sifflé... Desperandum est de republica. Je porterai le poids de cette affliction jusqu’au tombeau, et rien ne l’allégera qu’une parfaite indifférence à ce qui peut advenir... Puisque je ne saurais plus être utile à mes amis et à mon pays, je dois vivre pour moi-même, et je remercie l’auteur de la nature humaine et de la nature entière de ce que je suis encore capable de le faire avec un entier contentement. » Toutes ses lettres de France sont remplies de ces sentimens de tristesse et de détachement. Ils auraient dû être sincères. Les affaires du monde ne lui avaient donné nul bonheur. Condamné à l’obscurité d’un rôle secondaire, il tournait vainement dans un cercle de haine et de cabales impuissantes. Il avait toujours aimé la campagne et l’étude. Il

  1. Voyez les livraisons du 1er et 15 août, du Ier et 15 septembre.