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jusqu’au-dessus de Syène en Égypte, ou de Cuba en Amérique. Pour Vénus, l’obliquité est telle que l’été le soleil atteint des latitudes plus élevées que celles de Belgique ou même de Hollande. Il en résulte que les deux pôles, soumis tour à tour à un soleil presque vertical et qui ne se couche pas (et cela à quatre mois de distance, puisque l’année de cette planète n’est que de huit mois), ne peuvent laisser la neige et la glace s’accumuler. Il n’y a point de zones tempérées sur cette planète : la zone torride et la zone glaciale empiètent l’une sur l’autre, et règnent tour à tour sur les régions qui chez nous composent les deux zones tempérées. De là des agitations d’atmosphère constamment entretenues et d’ailleurs tout à fait conformes à ce que l’observation nous apprend sur la difficile visibilité des continens de Vénus à travers le voile de son atmosphère, tourmentée incessamment par les variations rapides de la hauteur du soleil, de la durée des jours et des transports d’air et d’humidité que déterminent les rayons d’un soleil deux fois plus ardent que pour la terre.

Les satellites des planètes et notre lune, dont la géographie est maintenant plus avancée que celle de notre globe, fournissent au Cosmos, comme on peut le penser, une immense quantité de détails historiques, astronomiques et physiques.

Les comètes, qui semblent ne voyager, comme les planètes, autour du soleil que pour contredire toutes les lois et les analogies qui existent entre celles-ci, n’ont pas fourni à l’auteur du Cosmos un thème aussi heureux que le reste du système solaire. Ce n’est pas que le Cosmos ne garde encore ici, comme ailleurs, sa supériorité sur tous les ouvrages d’exposition qui l’ont précédé; mais l’ouvrage fondamental de M. Hind sur les comètes n’avait pas encore paru, et un grand nombre de curieuses notions qui y sont contenues n’ont pu trouver place dans le tableau tracé par M. de Humboldt.

Sénèque avait déjà remarqué que les comètes suivent des routes fort différentes de celles des planètes, et qu’elles abordent des parties du ciel étoile interdites aux autres corps errans ou planètes. Un astronome n’en croirait pas ses yeux, s’il voyait la lune, Vénus ou Jupiter quitter le zodiaque pour aller éclipser les étoiles de la Grande-Ourse ou l’étoile polaire ! ou bien si, au lieu de marcher annuellement vers l’orient, ces astres revenaient en arrière! C’est pourtant ce que font chaque jour les comètes. Le seul point de vue auquel je veuille les considérer ici en terminant ce tableau du système solaire, c’est de les distinguer en comètes solaires et en comètes étrangères, errantes de soleils en soleils. Et d’abord, malgré le tableau de six comètes à courtes périodes donné par M. de Humboldt, je n’en reconnais que trois définitivement acquises à notre soleil, car il n’y en a réellement que trois qui aient été vues plus d’une fois, savoir les