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un excédant de revenu de plus de 1 million de florins. Voici donc une des lois qui appellent dès ce moment l’attention des états-généraux. D’après le discours royal, de nouveaux projets d’amortissement de la dette doivent être également présentés ; enfin il reste un dernier projet qui vient d’être soumis à la deuxième chambre : c’est un contrat passé entre le gouvernement et la Société de Commerce. cette société, comme on sait, est constituée en qualité de commissionnaire pour le commerce des colonies. Quant à la situation réelle des colonies, elle est matériellement favorable, et au point de vue politique il y a presque constamment des insurrections que les autorités néerlandaises ont à réprimer par la force. Voici cependant un fait curieux à constater : c’est une exposition qui a lieu à Batavia. Les étrangers accourent, surtout des Indes anglaises. Le gouvernement offre toutes les facilités possibles aux princes indigènes pour qu’ils viennent contempler ce spectacle, et c’est ainsi qu’après avoir fait le voyage d’Amérique pour voir l’exposition de New-York, on partira quelque jour d’Europe pour aller visiter celle de Batavia, moins belle à contempler sans doute que le pays merveilleux qui lui sert de théâtre et de décoration.

CH. DE MAZADE.

Aux États-Unis, les questions politiques s’effacent un peu pour le moment devant les questions d’un autre genre que soulève le progrès de plus en plus remarquable de la nation américaine dans la double voie des intérêts matériels et des travaux intellectuels. Tandis que l’Europe poursuit encore péniblement la solution des affaires d’Orient, les démêlés de l’Union avec l’Autriche paraissent marcher vers une conclusion. Peut-être ce résultat est-il dû à l’attitude prise dès le commencement de l’affaire par les représentans de la grande puissance américaine. Au lieu de jouer au plus fin, comme l’Europe a voulu le faire avec l’empereur de Russie, au lieu de rédiger des notes et des protocoles, et de s’exercer dans les genres les plus variés de la littérature diplomatique, les Américains, en vrais barbares, sont allés tout droit au fait : ils ont frappé, et il leur a été ouvert ; ils ont obtenu la satisfaction la plus pressante, la mise en liberté de M. Kosta et son retour aux États-Unis. Les questions de politesse se régleront plus tard à la satisfaction de l’Autriche, il faut l’espérer, car il est juste d’observer que, dans cette affaire, le capitaine Ingraham s’était montré plus énergique que poli, et plus ardent à faire respecter les droits de sa nation qu’à respecter ceux des autres gouvernemens. Néanmoins il ne faudrait pas trop compter d’avance sur la politesse des Américains, car la réponse de M. Marcy au chevalier Hulsemann, récemment publiée, refuse même à l’Autriche cette faible satisfaction.

Pendant que le capitaine Ingraham exécute ainsi un peu brutalement ses mesures de vigueur en Europe, que font les Yankees dans leur propre pays ? Là il ne manque pas de gens qui à l’heure présente désireraient marcher sur les traces glorieuses du capitaine Ingraham, et frapper à leur tour quelque coup décisif sur Cuba, sur le Mexique, ou sur tout autre territoire depuis longtemps convoité. Ce désir excessif d’énergie est encore stimulé par l’embarras des richesses. D’après des chiffres publiés récemment, l’excédant des recettes accumulé depuis plusieurs années dans les caisses du trésor se monte environ à 30 millions de dollars. Quels beaux territoires on pourrait acheter