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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 octobre 1853.

Pour tous ceux qui réfléchissent, pour tous ceux qui fixent sur le monde, sur notre pays en particulier, un regard clairvoyant et attentif, il n’est point douteux que nous entrons dans une période difficile, ou plutôt nous ne faisons chaque jour qu’avancer d’un pas dans une voie dont il ne nous est plus donné que de tempérer les embarras et les périls. Des préoccupations de la nature la plus diverse et également sérieuses sont venues remuer l’opinion publique, et la tiennent dans une continuelle perplexité. D’un côté, c’est une crise extérieure incessante, sorte de commencement d’incendie sur lequel tout le monde cherche à mettre le pied, et qui ne s’éteint pas, qui semble au contraire se rallumer à chaque instant; de l’autre, c’est l’incertitude qui existe sur les moyens réels de subsistance du pays. Il ne vient sans doute heureusement s’y joindre rien d’essentiellement politique, nous voulons dire rien qui tienne à la sécurité intérieure, au mouvement des partis, à la fermentation des passions; mais en vérité c’est bien assez pour une fois d’avoir tout ensemble la question d’Orient et la question alimentaire, — c’est-à-dire la plus grande affaire de politique extérieure qui ait surgi depuis cinquante ans et la crise la plus propre à émouvoir les populations, par cela même qu’elle met en doute leurs moyens de vivre. Peut-être d’ailleurs une telle situation, compliquée d’un double péril, est-elle d’autant plus faite pour peser sur le pays, qu’on s’y attendait moins et qu’on y était moins préparé, l’arec qu’on avait retrouvé le calme et le repos au bout de quelques années de la plus violente confusion, il semblait presque que rien ne dût remuer dans le monde, et que la clémence féconde des saisons ne dût plus subir d’éclipses pour ne point troubler cette quiétude, un peu trop semblable à de la somnolence. Il n’en est malheureusement point ainsi, et ce sont les événemens qui se chargent de venir sommer la vigilance des gouvernemens et des peuples en leur offrant des épreuves d’un nouveau genre