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LA CONVENTION





Histoire de la Contention nationale, par M. de Barante; tomes III, IV, V et VI.




Il y a deux ans, lorsque M. de Barante commençait cette publication maintenant achevée, l’histoire de la convention avait, il faut le dire, plus d’à-propos qu’aujourd’hui. C’était un sujet de circonstance. Nous sortions de 1848, nous touchions à 1852 : on avait fait un 10 août, on nous promettait une terreur. Chacun avec anxiété cherchait dans nos fastes révolutionnaires le souvenir ou l’exemple, soit des excès qu’il avait vus la veille, soit des calamités qu’il attendait le lendemain. Tout cela, nous le reconnaissons, est déjà loin de nous; mais parce que l’ouragan, dont tant de gens avaient peur, s’est évanoui avant de naître, parce que le vent s’est élevé d’un autre point de l’horizon et nous a transportés tout d’un trait en brumaire sans passer par prairial, s’ensuit-il qu’une exacte peinture des misères et des crimes que peut engendrer chez nous la fièvre démocratique soit désormais hors de saison?

M. de Barante ne l’a pas cru. Il a continué son œuvre, comme si rien n’était changé, sans se détourner ni se ralentir. Et maintenant sa tâche est remplie. Nous avons un récit véridique et complet de ces trois années formidables, la plus dure, la plus horrible épreuve qu’ait subie notre patrie. Un tel livre a beau ne pas répondre aux préoccupations du jour, il n’en est pas moins opportun et salutaire. C’est dans les temps de calme et de silence qu’il faut s’aguerrir à la tempête. L’esprit démagogique n’est pas toujours menaçant, il a ses heures de lassitude, ses momens de défaillance; mais se tient-il jamais pour battu? est-il jamais plus à craindre que lorsqu’il paraît endormi? Ce n’est donc pas un anachronisme que de méditer, même