Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

annuel des plants est nécessaire comme en Amérique; il y a sans doute aussi des expositions où peuvent suffire les procédés un peu sauvages des pays tropicaux. L’habileté consiste à proportionner les dépenses aux résultats probables; mais à travers ces hypothèses contradictoires, que devient la prétention officielle de diriger les cultivateurs ?

Pour les gens à qui manquent les moyens de comparaison, rien n’est plus encourageant que le tableau des résultats obtenus dans les jardins d’essais. En voici le résumé d’après l’avant-dernier compte-rendu publié l’année dernière :

RENDEMENT PAR HECTARE
DANS LA PÉPINIÈRE CENTRALE DU GOUVERNEMENT.


Espèces Frais d’exploitation Produit brut Produit net après égrenage Estimation du coton égréné Bénéfice net
Georgie-longue-soie 995 fr. »» c. 1460 kil. 267 kil. 9 tr. »» c. 1,408 fr. »» c.
Jumel-égyptien 570 »» 1676 375 2 50 367 50
Naakin 563 »» 2230 557 1 60 306 20
Louisiane blanc 546 »» 2005 501 1 50 205 50
Moyenne par hectare 668 fr. 50 c. 1842 kil. 425 kil. 3 fr. 52 c. 571 fr. 80 c.

Certes les planteurs américains seraient bien effrayés, s’ils supposaient qu’on pût obtenir communément en Algérie 267 kilogrammes par hectare d’une qualité assez belle pour valoir 9 fr. et 557 kilogrammes d’une qualité courante; mais étant de vieux praticiens, ils comprendront qu’il s’agit ici de cultures faites avec les soins minutieux et les ressources exceptionnelles que les savans prodiguent dans leurs expériences. En Amérique, on considère comme une très bonne année celle où on récolte 350 ou 400 kilogrammes net par hectare en qualités communes. Quant aux espèces à longues soies, les bilans de seize plantations, relevés en 1848 et 1849, donnent seulement une moyenne de 152 kilogr. Par hectare. Il est même probable que ces chiffres se rapportent aux qualités ordinaires des sea-islands; car il résulte d’un document soumis récemment à la société industrielle de Mulhou.se, par M. Dollfus-Mieg, qu’on ne retire pas plus de 68 kilogrammes en qualités tout à fait supérieures, tant le nettoyage poussé à la dernière perfection entraîne de pertes. Nous craignons qu’il n’en soit du rendement obtenu dans les jardins d’essai comme de ces beaux fruits de serres chaudes qu’il est impossible de reproduire en pleine terre. On s’exposerait probablement à des mécomptes en adoptant pour bases d’une large spéculation les chiffres signalés officiellement.