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divisée que dans le Glocester et le Somerset, mais la culture l’est au moins autant. On cite seulement une ou deux fermes de 150 hectares. La majorité n’en a pas plus de 30, et un grand nombre, dans les districts à fromage, en a moins de 5. Cette organisation agricole n’a pas eu dans le comté de Chester les mêmes inconvéniens que dans le Glocester et le Somerset, soit parce qu’elle ne coïncide pas avec une égale division de la propriété, soit plutôt à cause du voisinage des districts manufacturiers, qui ouvrent d’immenses débouchés. Le salaire moyen des ouvriers ruraux s’élève à 12 shillings par semaine, ou 2 francs 50 cent, par jour de travail. Le drainage est généralement pratiqué, l’emploi des engrais supplémentaires fréquent. Cette antique et prospère économie rurale n’a pas empêché l’esprit d’innovation de pénétrer dans le Cheshire. La ferme de M. Littledale, située près de la Mersey, en face de Liverpool, est déjà célèbre pour son admirable stabulation. Les vaches de cette ferme ne sortent jamais, ce qui doit paraître une monstruosité aux herbagers voisins; elles sont nourries en été avec du trèfle, du ray-grass d’Italie et des vesces en vert, en hiver avec du grain, du foin haché, des navets et des betteraves On assure que par ce moyen on nourrit, sur 32 hectares, 83 vaches laitières et 15 chevaux de travail.

Nous venons de parcourir la moitié environ de l’Angleterre : l’ouest y représente en quelque sorte le passé, l’est le présent, et le sud l’avenir. Dans la plus grande partie de cette région, l’état de l’agriculture laisse à désirer; dans d’autres au contraire, les brillans modèles abondent. La grande culture est en général ce qui l’emporte pour les résultats; mais elle n’occupe qu’un tiers environ du sol, et ce n’est pas toujours elle qui paie les rentes les plus élevées. La crise des prix y a sévi avec beaucoup de force, surtout dans le sud; la petite et la moyenne culture en ont souffert plus que la grande, parce qu’elles ont moins de ressources. L’ensemble de la région n’en est pas moins supérieur à la France, même à la meilleure partie de la France. Le Weald seul reste en arrière; tout le reste nous a atteints ou dépassés. Quand même les rentes et les profits y subiraient une réduction de 20 pour 100, leur taux excéderait encore la moyenne des nôtres, et partout où cette réduction paraissait inévitable, une heureuse transformation s’opère sous la pression de la nécessité. Nous trouverons dans le centre et le nord un état général encore meilleur.


LEONCE DE LAVERGNE.