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sépare l’Angleterre du pays de Galles. Le petit comté de Monmouth, le plus méridional des trois, placé entre la mer et les montagnes, présente les aspects les plus variés : vers l’ouest et le nord, ce sont les aspérités sauvages des Alpes; vers l’est et le sud, sur les bords de la Wye, c’est un véritable jardin. On y cultive encore quelquefois avec des bœufs, ce qui devient de plus en plus rare en Angleterre. La rente monte très haut sur le bord de la mer; à mesure qu’on s’avance vers les montagnes, elle descend. La population, bien plus nombreuse que ne le feraient supposer les ressources naturelles du sol, révèle tout de suite un état industriel florissant : de nombreuses mines de charbon et de fer y entretiennent beaucoup d’ouvriers, et cette abondance de débouchés locaux est évidemment la cause première du progrès agricole.

Le comté de Hereford offre moins de contrastes que le Monmouth; il s’y trouve à la fois moins de montagnes et moins de plaines, et sa surface est généralement accidentée sans d’aussi brusques oppositions. Les neuf dixièmes du sol. sont cultivés, et la rente s’élève en moyenne un peu plus haut que dans le Monmouth. Quant au comté de Salop, le dernier et le plus grand des trois comtés frontières, une partie de son territoire est la continuation du Hereford; l’autre sert de transition entre cette région accidentée et le comté plus plat de Chester; c’est de plus une contrée industrielle : les mines de fer y abondent, et les fabriques de poteries y rivalisent avec celles de son autre voisin, le comté de Stafford. La principale industrie agricole de cette région est l’élève de cette belle race de bœufs rouges à tête blanche connus sous le nom de Hereford. Ces bœufs, les plus estimés des herbagers du centre, qui les achètent pour les engraisser, prennent la graisse plus facilement qu’aucune autre race, quand ils sont transportés dans de bons pâturages, et leur viande est meilleure que celle des Durham, mais plus lente à se former. Si, comme tout l’annonce, l’élève des bœufs courtes-cornes se développe dans les pays qui n’élevaient pas jusqu’ici, l’industrie la plus florissante de la frontière galloise pourra être menacée; les éleveurs du Hereford seront forcés à leur tour de se faire engraisseurs.

Vient enfin le comté de Chester, le plus riche des six. Le fromage de Chester est encore plus connu hors d’Angleterre que celui de Glocester. L’étendue totale du comté est de 270,000 hectares, dont la moitié environ en herbages. On y entretient plus de 100,000 vaches laitières, dont chacune donne en moyenne de 2 à 400 livres de fromage et de 15 à 20 livres de beurre. La rente des herbages dépasse en général 100 francs; mais, comme celle des terres arables reste au-dessous, la moyenne générale du comté est de 80 à 90 francs, le fermier payant en outre la dîme et les taxes. La propriété est moins