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mémoires d’ouvriers, 8,700 francs; achat d’engrais et de semences, 23,400 francs : total de la dépense annuelle, 380 francs par hectare. De plus, M. Rigden a dépensé en entrant dans sa ferme 12,000 liv. sterling ou 300,000 francs, soit environ 1,000 francs par hectare, pour la mettre en valeur. Ce capital doit, d’après les règles généralement admises en Angleterre, rapporter 10 pour 100. M. Rigden doit donc pour s’y retrouver obtenir, de produit brut, environ 480 fr. par hectare, ou 145,000 francs en tout. Voilà la grande culture anglaise dans ce qu’elle a de plus magnifique.

L’assolement adopté est le suivant : 40 acres sont en pâturage permanent; sur les 700 autres, la moitié est en grains, et l’autre moitié en récoltes fourragères; les 350 acres en grains se divisent ainsi : 250 en froment, 40 en orge et 60 en avoine; les 350 de récoltes fourragères se divisent ainsi : 20 en betteraves, 12 en turneps, 42 en rutabagas, 6 en carottes, 50 en pommes de terre, 10 en choux, et le reste en trèfle, ray-grass, luzerne, sainfoin et vesces. Cet assolement diffère un peu de celui généralement suivi en Angleterre, en ce qu’il donne une plus large place au froment et une moindre aux turneps qu’on ne le fait ordinairement. C’est une conséquence de la nature du sol, plus propre au froment qu’à l’orge et aux fourrages verts qu’aux racines.

M. Rigden obtient en moyenne par acre 36 boisseaux de froment, 40 d’orge et 60 d’avoine, ou à un dixième près autant d’hectolitres à l’hectare. L’avoine est consommée presque tout entière par les chevaux de la ferme; mais il a vendu tous les ans, même après la baisse des prix, pour plus de 60,000 francs de froment et d’orge. Voici le bétail qu’il entretient : 350 brebis south-down de la plus belle espèce, 20 béliers, 150 agnelles d’un an, 21 vaches laitières, 12 génisses, 28 chevaux de travail et un petit nombre de cochons. Il n’engraisse pas de moutons; il vend annuellement environ 250 agneaux de six mois et une centaine de brebis de quatre ans qu’il remplace par ses élèves. Cette branche de produits lui rapporte plus de 12,000 francs, à cause de la haute réputation de sa race; ses jeunes agneaux se vendent 25 francs, les brebis mères et les béliers plus du double. Quant aux vaches laitières, il engraisse tous les ans les 6 plus vieilles qu’il remplace par des élèves; tous les autres veaux sont vendus en naissant. Ces vaches produisent en moyenne 2 gallons et demi, ou près de 12 litres de fait par jour; le fait se vend à Brighton 22 centimes le litre, ce qui porte le produit d’une vache à 900 francs environ par an. En y comprenant les veaux et les vaches grasses, la vacherie rapporte une vingtaine de mille francs. Il faut que M. Rigden vende encore pour environ 50,000 fr. de paille, de foin et de pommes de terre. Le voisinage de Brighton lui fournit un