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de Cholula, en mémoire de la montagne de Tlaloc, qui avait servi d’asile à lui et à ses frères, une colonne artificielle de forme pyramidale. Les dieux, voyant avec jalousie cet édifice, dont la cime devait toucher les nuages, irrités de l’audace de Xelhua, lancèrent des feux célestes contre la pyramide, d’où il arriva rpie beaucoup des constructeurs périrent, et que l’œuvre ne put être achevée. Elle fut consacrée au dieu de l’air Qualzalcoatl. Il y a une analogie frappante entre ce récit et celui de l’édification interrompue de la tour de Babel. Ce qui suit n’est pas moins curieux et nous apprend ce qu’étaient les feux célestes de la tradition mexicaine. Au temps de Cortez, on montrait encore une pierre qui était venue frapper la pyramide. C’était évidemment un aérolithe tombé à la suite d’une apparition de ces météores qui accompagnent en général les pluies de pierres. Les Cholulans, à cette époque, dansaient autour de cet aérolithe en chantant un chant dont les deux premiers vers étaient dans une langue inconnue.

L’aspect de la pyramide de Cholula ne rappelle nullement l’aspect de la grande pyramide d’Egypte. La grande pyramide d’Egypte est une masse de pierre que l’on gravit au moyen des éboulemens de ses angles. La grande pyramide de Cholula est, comme son nom l’indique, une colline au sommet de laquelle on peut arriver à cheval et même en voiture. Sur ce sommet, une église s’élève à la place où s’élevait autrefois le temple mexicain. On ne saurait croire qu’on ait devant les yeux l’œuvre des hommes et non l’œuvre de la nature. Cependant il est aisé de voir que cette montagne est au moins en partie construite en briques; on en découvre facilement sur ses parois les assises. Ces briques ont été cuites au soleil, comme nous les avons vu fabriquer encore dans les environs. La question est de savoir si la maçonnerie forme le corps du monument ou bien ne fait qu’envelopper, ce qui est plus probable, la montagne taillée en pyramide.

On a trouvé au Mexique un assez grand nombre d’autres pyramides moins considérables. Presque toutes sont des pyramides à degrés. Les deux plus remarquables sont celles de Saint-Jean de Teotihuacan, dont l’une a conservé un revêtement pareil à celui qui recouvrait la grande pyramide et recouvre encore la seconde pyramide de Gizèh. En général, les pyramides mexicaines sont orientées, c’est-à-dire que leurs faces sont tournées vers les quatre points cardinaux. Il en est de même de la grande pyramide d’Egypte. Cela ne prouve point du tout qu’il faille expliquer la construction des unes ou des autres par un but astronomique, car une intention religieuse ou funéraire peut avoir motivé cette relation des monumens avec les différentes parties du ciel. Pour la pyramide de Cholula, son