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BEAUMARCHAIS


SA VIE, SES ÉCRITS ET SON TEMPS.


XI[1].

LES LARGESSES DE BEAUMARCHAIS ET LE MARIAGE DE FIGARO.



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I. — SITUATION SOCIALE DE BEAUMARCHAIS AVANT LE MARIAGE DE FIGARO.

Nous sommes arrivés au point le plus élevé et le plus brillant de la carrière de Beaumarchais : il a atteint l’apogée de sa fortune, de sa célébrité, de son influence sur l’opinion. Après avoir constaté par l’expérience même de sa vie les inconvéniens d’un ordre de choses où l’intelligence réduite à ses seules forces ne peut guère se produire que par des chemins de traverse, il va se dédommager en quelque sorte des déboires sans nombre qu’il a subis pour conquérir une situation qui, en l’exposant à la jalousie de ses ennemis, ne le met pas à l’abri de leur dédain. Il va prendre à partie la société tout entière et l’amener à se prendre elle-même en ridicule. Il résumera pour un instant en lui les besoins de destruction ou de réformation qui agitent son siècle ; il appliquera avec une audace jusqu’alors inconnue le dissolvant de l’ironie à une forme sociale qui tombe de vétusté, et avec sa marotte et ses grelots, il ouvrira le chemin à de plus redoutables démolisseurs.

Il faut éviter cependant de s’exagérer, comme on le fait très souvent, les intentions révolutionnaires de l’auteur du Mariage de Fi-

  1. Voyez les livraisons des 1er  et 15 octobre, 1er  et 15 novembre 1852, 1er  janvier, 1er  mars, 1er  mai, 1er  juin, 15 juillet et 15 août 1853.