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dans la boîte, et elle en ressort au bout d’un temps convenable parfaitement cuite et fournissant un régal agréable aux invites.

Notre art de fabriquer les verres ardens n’a point encore fructifié pour remplacer par le soleil le bois qui manque à bien des contrées brûlées par un ciel sans nuages, et je me suis souvent étonné que dans les voyages d’Asie et d’Afrique une lentille à échelons n’ait pas paru un meuble fort utile dispensant souvent de provisions de bois ou de charbon difficiles à se procurer. À bord des vaisseaux, un grand appareil ardent serait certes utile et économique dans bien des cas. Dans les cours de physique, c’est une expérience qui attire toujours l’attention que celle de mettre un vase de fer-blanc au foyer d’un miroir ardent et de montrer sans feu de l’eau bouillant à gros bouillons.

Un des phénomènes les plus curieux de la nature, c’est la rosée, dont la production a lieu par les nuits calmes et sereines, quand les étoiles brillent de tout leur éclat. Ce n’est qu’avec la théorie de la chaleur rayonnante, et depuis moins d’un demi-siècle, qu’on a rendu raison de ce curieux dépôt d’humidité. Tout le monde sait que si, dans une étuve humide, on introduit un corps froid, il se dépose immédiatement de l’eau à sa surface. Les cristaux que l’on apporte au dessert sur nos tables l’hiver se ternissant momentanément de rosée. Il reste donc à savoir comment les corps terrestres sur lesquels la rosée se dépose se refroidissent pour provoquer le dépôt de l’humidité de l’air. Cette cause est évidemment le rayonnement vers les espaces célestes des corps terrestres placés dans un lieu découvert. Un corps de teinte foncée, par exemple une table d’ardoise, rayonnera beaucoup, se refroidira de même, et provoquera un abondant dépôt. Une tablette de marbre blanc se mouillera bien moins, une plaque de métal ne se mouillera pas du tout, car celle-ci ne rayonne que très peu. La circonstance du calme de l’air est essentielle, car si l’air était agité, il viendrait continuellement rendre par son contact de la chaleur aux substances soumises au rayonnement nocturne. Voilà donc le type de l’étude actuelle de la nature : découvrir, par un petit nombre de faits, les lois de la nature, et ensuite, par ces lois, rendre compte des autres phénomènes analogues. — Ces paroles sont de Newton. Dans la théorie de la chaleur rayonnante et dans ses mille applications, les physiciens modernes ont honorablement suivi les idées de ce puissant génie, auquel le nom de grand, dont on fait quelquefois précéder son nom, a cessé depuis longtemps d’ajouter aucun relief. Il est aussi inutile de dire le grand Newton que de dire le brillant soleil.

Nous avons déjà reproché à l’excellent ouvrage de Mme Somerville d’avoir introduit dans la géographie physique des notions de