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en ôte l’eau avant d’y mettre les mourons, et on l’y remet dès qu’ils sont sortis. M. Pusey affirme que, nourris ainsi et finis ensuite à l’étable avec des grains et des tourteaux, ils sont gras à un an et vendus à un haut prix pour la boucherie. Malgré ces beaux produits et ceux obtenus dans les autres branches, l’opinion générale est que M. Pusey ne fait pas de bénéfices. Il n’en rend pas moins de grands services à l’agriculture. Il est arrivé, tout le monde le reconnaît, à quadrupler le nombre des moutons engraissés et à doubler la quantité des céréales produites dans sa ferme ; d’autres chercheront à obtenir des résultats semblables par des moyens plus économiques, et y réussiront probablement.

La rente moyenne dans le comté d’Oxford est la même que dans le Bucks et le Berks, et présente, suivant les districts, les mêmes inégalités. Nulle part peut-être dans la Grande-Bretagne, le sol n’offre tant de diversité. La rente des terres légères atteint en moyenne 100 francs, mais, l’argile d’Oxford étant au moins aussi tenace que celle de Londres, la rente des terres argileuses arrive à peine à 25. Quelques fermes ont même été abandonnées, depuis la baisse des prix, à cause des frais qu’elles exigeaient, et qui ne pouvaient être avancés pour le moment ni par les propriétaires ni par les fermiers. L’assolement suivi dans ces terres argileuses est encore l’ancien assolement triennal : blé, avoine, jachère ; — dans les terres légères, c’est l’assolement de Norfolk, que la richesse accompagne comme toujours. L’ouest du comté en est la plus mauvaise partie. On y trouve, entre autres grandes propriétés, celle de Blenheim, appartenant au duc de Marlborough. Le château donné par la nation au vainqueur de Louis XIV passe avec raison pour un des plus beaux monumens de l’Angleterre ; le parc a plus de 1,000 hectares, et les terres s’étendent bien au-delà. Pendant la dernière crise, presque tous les fermiers ont déserté, le duc actuel s’étant refusé à toute concession sur les rentes, et il a été forcé de faire exploiter lui-même par des agens. Cette conduite a été sévèrement jugée en Angleterre, où l’opinion impose aux landlords une grande bienveillance envers leurs fermiers ; il est d’ailleurs plus que probable que le duc n’a pas fait ses frais. Le long de la Tamise et des autres rivières s’étendent d’excellentes prairies qui fournissent du beurre pour le marché de Londres. Entre le comté d’Oxford et celui de Buckingham s’élève encore une chaîne de collines calcaires ou downs, nommée les chiltern-hills.

En somme, quiconque veut voir comme un résumé de l’agriculture et du sol de l’Angleterre doit aller visiter le comté d’Oxford et ses voisins. D’autres motifs y attirent le voyageur : la ville d’Oxford est assurément une des plus curieuses des trois royaumes, et le château de Blenheim, avec sa magnifique collection de tableaux, mérite