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Chinois Othomi
Prendre Pa Pa
Petit Siao Tsi
Peu Sie Tsi
Fils Tseu Tsi
Faire Tso Tsa
Diable (mauvais génie). Kouei Koua
Plein Man Ma
Acheter Mai Ma

Outre l’analogie singulière de ces mots othomis avec les mots chinois correspondans, ils ont une ressemblance de physionomie pour ainsi dire qu’on ne trouverait, je crois, dans aucun des idiomes connus, tous si radicalement différens du chinois. Ces deux langues présentent aussi plusieurs rapports grammaticaux assez importans que je ne puis indiquer ici[1]. Cette curieuse analogie de l’othomi et du chinois, rapprochée du type tartare qui m’a frappé chez certains Indiens du Mexique et dans plusieurs statues mexicaines, est favorable à l’opinion avancée par divers savans, dont le plus illustre est M. de Humboldt[2], et qui fait venir au Mexique une émigration du nord de l’Asie. Le passage est si aisé de cette partie du rivage asiatique sur le continent américain, que les Tchouktchas franchissent chaque année ce détroit pour aller chercher en Amérique les pelleteries qu’ils viennent vendre dans les villages de Sibérie[3]. Il resterait à expliquer comment des peuples d’origine tartare se seraient avancés si haut vers le nord, dans des régions affreuses et désertes. Ce n’est pas le mouvement naturel des émigrations. Cependant des circonstances particulières peuvent diriger la marche d’un peuple du sud au nord et d’un climat meilleur vers un climat plus rigoureux. Dans ces grands déplacemens des races humaines, il y a des oscillations en sens divers, des courans et des contre-courans. Les Scandinaves venaient certainement de régions plus méridionales et plus heureuses dont le souvenir s’était conservé pour eux dans la tradition de l’ancien Asgard, leur patrie, où ils travaillaient l’or et buvaient le vin. Sans nous éloigner des pays qu’on a considérés comme le point de départ des migrations aztèques, on voit, dans l’ouvrage de l’amiral Wrangel que je citais tout à l’heure, les Omoks fuir au nord, devant des populations venues des bords de l’Anadir et des steppes

  1. Ces rapports sont exposés dans une dissertation en latin et en espagnol de Fr. Manuel-Crisostomo Naxera (Disertacion sobre la lengua othomi,….. 1845), dont un extrait a été publié en français dans les Recherches sur les Antiquités de l’Amérique du Nord et de l’Amérique du Sud, de Warden.
  2. M. de Humboldt a particulièrement insisté sur l’analogie du cycle mexicain et des cycles chinois et tartare.
  3. Voyez Wrangel, le Nord de la Sibérie, etc., t. Ier, p. 249.