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BOLINGBROKE


SA VIE ET SON TEMPS.




DERNIERE PARTIE




VIII.

Voici donc Saint-John enfin ministre. L’histoire commence véritablement pour lui, et nous allons le mieux connaître. Jusqu’ici nous n’avons vu qu’à peine sa figure apparaître sur la scène, on sait de lui peu de chose encore, et nous avons prolongé un récit qui ressemblait peu à une biographie ; mais peut-être la sienne, sans ce récit, eût-elle été moins bien comprise, et fallait-il montrer avec un peu de détail dans quel monde il devait se mouvoir, pour donner de la clarté et de l’intérêt au drame où il figurera désormais en principal acteur.

On raconte qu’il prétendait à quelque ressemblance avec Alcibiade, et des écrivains ministériels, le servant selon son goût, ont essayé par occasion de faire de Harley un Périclès. Le parallèle était encore plus hasardé, et Saint-John n’y aurait pas souscrit. Lui-même, peut-on se le figurer, quand il buvait avec Swift et Prior, semblable au jeune homme couronné de violettes qui vient avec tant de grâce et de passion troubler le banquet de Socrate, et la fameuse Gumley représente-t-elle à l’imagination l’éloquente Diotime ? Swift a raison de dire que de ses deux modèles, Alcibiade et Pétrone, c’est