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de réviser la constitution et les modifications qu’elle réclame, le mémoire se termine ainsi : « Rien ne pourrait m’engager à faire le sacrifice de ma position actuelle que l’intime conviction de pouvoir rendre d’essentiels, de grands services au roi et à la patrie. Je ne dois pas être appelé seulement à remplacer un homme, mais aussi un système, Je dois avoir la certitude que les idées développées plus haut dans cet écrit, idées à l’égard desquelles je ne voudrais ni ne pourrais transiger, seront approuvées, adoptées et suivies de tous points… Il serait présomptueux de ma part de prétendre que votre majesté me fit connaître soit par écrit, soit par un arrêté, qu’elle approuve le contenu de cette note et qu’elle adopte les idées qui y sont développées. Je dois m’attendre à la voir renoncer à l’idée, si flatteuse pour moi, de m’appeler à siéger dans son conseil ; mais ma reconnaissance envers elle n’en sera pas moins grande et ne cessera qu’avec ma vie. » Les propositions de M. de Capellen ne devaient être accueillies que par le successeur de Guillaume II et sous la pression des évènemens de 1848 : aussi n’entra-t-il point au ministère. Les dernières années de sa vie s’écoulèrent doucement, dans l’amélioration de son domaine, qu’il ne quittait que pour venir passer l’hiver à Paris, où il avait de nombreux amis et jouissait d’une grande considération dans le monde. Il y était au mois de février 1848. La révolution l’affecta vivement et le détermina à retourner en Hollande. À peine arrivé dans sa terre de Vollenhoven, il y mourut à l’âge de soixante-dix ans.

MM. Van der Duyn et de Capellen, le premier surtout, étaient en correspondance habituelle avec leur compatriote M. de Grovestins, beaucoup plus jeune qu’eux, mais dont le caractère indépendant, l’esprit élevé et les habitudes studieuses devaient exciter leurs sympathies. M. de Grovestins, attaché au roi Guillaume par des fonctions qui pouvaient le conduire aux positions les plus élevées, y avait renoncé tout à coup, de son plein gré, pour se livrer à des compositions historiques qu’il publie en ce moment, et il était venu se fixer en France. Des relations formées à la cour de Guillaume, où elles avaient peu d’intimité, furent resserrées par cette circonstance, qui, avec d’autres hommes, les aurait tout à fait rompues : M. de Grovestins devint dépositaire de notes, de papiers, de lettres, qu’il était autorisé à publier quand les circonstances lui paraîtraient s’y prêter. C’est pour accomplir ce mandat de confiance, pour acquitter cette espèce de legs, qu’il a fait paraître le volume dont il nous reste à retracer les parties les plus curieuses[1].

  1. Nous nous aiderons en outre de mémoires manuscrits déjà rédigés par M. de Grovestins, qu’il a bien voulu nous communiquer, et d’une brochure qu’il a publiée en 1844 sous le titre de la Conférence de Londres et Guillaume Ier.