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LES


PIRATES MALAIS.





I. A Visit to the Indian Archipelago in H. M. Ship Moeauder by captain the Hon. Henry Keppel, R. N. ; 2 vol. London, R. Bentley, 1853. – II. Five years in China, with an account of the occupation of the Islands of Labuan and Borneo, by lieutenant F. R. Forbes, R. N. ; 1 vol. — III. Reollections of Manilla and the Philippines, by Robert Mac-Micking ; 1 vol. London, R. Bentley, 1851.




Il se fait à Singapore un grand commerce d’armes de guerre. Le voyageur qui entre dans l’un de ces vastes bazars où les négocians anglais entassent les produits les plus variés de l’industrie européenne, remarque avec surprise, à côté des pacifiques ballots de draps et de cotonnades, un assortiment de lances, de fusils, de canons, etc., exposés pour la vente. Poudre, balles, boulets, affûts, rien n’y manque ; c’est un véritable arsenal où chacun peut s’armer à prix fixe. Ce trafic que les gouvernemens d’Europe soumettent d’ordinaire, et non sans raison, à une police très rigoureuse, est parfaitement libre dans le port franc, de Singapore. L’administration britannique ne s’en préoccupe que pour inscrire sur les registres de la douane les quantités d’armes et de munitions qui entrent et qui sortent. — Si vous demandez à qui se vendent toutes ces armes, on vous répondra qu’elles trouvent leur principal débouché dans les îles de la Malaisie et à bord des milliers de caboteurs ou pros qui fréquentent la rade de Singapore. Aussi lit-on régulièrement, dans les récits des croisières entreprises contre les pirates par les navires de sa majesté britannique, que les fusils et les pierriers conquis sur l’ennemi portent la marque anglaise. Singapore serait-il donc l’arsenal où s’approvisionnent les pirates ? – Précisément. Il y a bien, dans le nombre, d’honnêtes capitaines qui, à la veille de s’aventurer dans les parages malsains de l’archipel, jugent à propos de compléter leurs