Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 3.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE STEREOSCOPE


ET


DE LA VISION BINOCULAIRE.





J’ai des yeux…deux yeux,
Et une sensation intérieure qui en résulte sans rien d’étrange.
(HOMERE, Odyssée.)


Le stéréoscope, l’un des instrumens magiques de la science et de l’industrie moderne, se présente sous la forme d’une boîte de grandeur moyenne armée de deux tuyaux de lorgnette qui appellent l’application des deux yeux Une double peinture, un double dessin, une double miniature, une double figure géométrique, un double daguerréotype, sont placés au fond de la boite et sont regardés par les deux yeux à la fois, au moyen des deux tuyaux implantés sur la boite. Alors, par un effet vraiment magique, par une irrésistible illusion, avec une conviction complète de sensation ; le dessin prend du relief, la peinture devient de la sculpture.

Ce curieux instrument, le plus nouveau et peut-être le plus répandu déjà de tous les instrumens de l’optique appliquée à l’industrie serait assez difficile à faire connaître au lecteur, même avec le secours de la gravure. Il en est de même au reste de tous les objets dont il faut représenter les trois dimensions, et non pas seulement le plan ou l’élévation ; mais le grand nombre de stéréoscopes qui se construisent maintenant par milliers en France, en Angleterre, en Amérique, le bas prix de leur construction, dont on peut dire que les fabricans et les acheteurs ont abusé (nous reviendrons sur cette idée tout à l’heure), enfin les étonnans effets de cet appareil optique m’autorisent à parler du stéréoscope comme s’il était connu ou même sous les yeux de tous ceux qui liront ces pages.

Défini étymologiquement d’après son nom tiré de cette belle langue grecque qu’aucune autre n’a pu égaler dans l’expression de la pensée, le stéréoscope signifie « instrument qui montre tous les objets en relief ; » un dessin, ainsi