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eu le plaisir de voir M. de Beaumarchais, écrit Silas Deane à M. Gérard ; mais je suis plein de confiance, d’après les renseignemens que vous m’avez donnés sur lui, qu’il sera en état de me procurer les choses dont j’ai besoin, et que je dois m’adresser à lui de préférence à toute autre personne. Je pense que par lui les fournitures mentionnées dans mes instructions me seront procurées avec le plus grand secret et la plus grande certitude. » Le même jour a lieu la première conférence entre Beaumarchais et l’agent du congrès, car le lendemain Silas Deane écrit à Beaumarchais la lettre suivante :


« Paris, hôtel Grand-Villars, 20 juillet 1776.
« Monsieur,

« Conformément à votre demande dans notre entrevue d’hier, je vous envoie ci-incluse une copie de ma commission et un extrait de mes instructions, qui vous donneront la certitude que je suis autorisé à faire les acquisitions pour lesquelles je me suis adressé à vous. Pour l’intelligence de cet extrait, il est nécessaire de vous informer que j’avais reçu ordre de m’adresser d’abord aux ministres, afin d’obtenir d’eux par voie d’achat ou d’emprunt les fournitures dont nous avons besoin, et, au cas où le crédit et l’influence du congrès dans les circonstances présentes ne seraient pas suffisans pour les obtenir par ce moyen, j’avais mission de tâcher de me les procurer partout ailleurs. Je vous ai déjà fait part de ma demande au ministre et de sa réponse.

« À l’égard du crédit que nous vous demanderons pour les fournitures et les munitions que je compte obtenir de vous, j’espère qu’un long crédit ne sera pas nécessaire. Un an est le crédit le plus long que mes compatriotes sont habitués à prendre, et le congrès ayant engagé une grande quantité de tabac dans la Virginie et dans le Maryland, ainsi que d’autres articles qui seront embarqués aussitôt qu’on pourra se procurer des navires, je ne doute pas que des retours considérables en nature vous seront faits d’ici à six mois et que le tout sera soldé d’ici un an. C’est ce dont je presserai le congrès dans mes lettres. Cependant les événemens de la guerre sont incertains, et notre commerce est exposé à en souffrir ; mais j’espère que, quoi qu’il arrive, vous recevrez bientôt des retours assez considérables pour pouvoir attendre. Dans le cas où une somme quelconque vous resterait due, après que le crédit dont nous conviendrons serait expiré, il est bien entendu que l’intérêt d’usage vous serait alloué pour cette somme.

« Aussitôt que vous aurez pu faire traduire cette lettre et l’incluse, j’aurai l’honneur de me présenter chez vous. En attendant, je suis avec tout le respect et l’attachement possibles, votre, etc.

« Silas Deane. »


À cette lettre de Silas Deane Beaumarchais répond par une lettre en date du 22 juillet, dans laquelle, après avoir accepté la forme des retours en nature et les délais demandés par l’agent du congrès, sur la question de la fixation du prix des fournitures il s’exprime ainsi :


« Comme je crois avoir affaire à un peuple vertueux, il me suffira de tenir par devers moi un compte exact de toutes mes avances. Le congrès sera le