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DE


L’ART FRANCAIS


AU DIX-SEPTIEME SIECLE.




Nous croyons avoir autrefois solidement établi, dans cette Revue même[1], que tous les genres de beauté les plus dissemblables en apparence, soumis à un sérieux examen, se ramènent à la beauté spirituelle et morale, qu’ainsi l’expression est à la fois l’objet véritable et la loi première de l’art, que tous les arts ne sont tels qu’autant qu’ils expriment l’idée cachée sous la forme et s’adressent à l’âme à travers les sens ; qu’enfin c’est dans l’expression que les différens arts trouvent la mesure de leur valeur relative, et que l’art le plus expressif doit être placé au premier rang.

Faisons un nouveau pas. Si l’expression juge les différens arts, ne suit-il pas naturellement qu’elle peut, au même titre, juger aussi les différentes écoles qui se disputent l’empire du goût ?

Il n’y a pas une de ces écoles qui ne représente à sa manière quelque côté du beau, et nous sommes bien disposé à les embrasser toutes dans une étude impartiale et bienveillante. Nous sommes éclectique dans les arts aussi bien qu’en métaphysique. Mais comme en métaphysique l’intelligence de tous les systèmes et de la part de vérité qui est en chacun d’eux éclaire sans les affaiblir nos propres convictions, ainsi dans l’histoire des arts, tout en pensant qu’il ne faut dédaigner aucune école, et qu’on peut trouver, même en Chine,

  1. Voyez, dans la livraison du 1er septembre 1845, l’étude intitulée : Du Beau et de l’Art. Cette étude et celle qu’on va lire auront leur place dans un ouvrage où M. Cousin a rassemblé toute sa doctrine philosophique sous ces trois chefs : le Vrai, le Beau, le Bien.