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Elle avait par conséquent à peu près quatre-vingt-onze fois la hauteur d’un homme, en prenant pour taille moyenne 1 mètre 60 centimètres. Or, d’après ce que nous avons dit des dimensions des termites et de leurs monticules, ces derniers ont en hauteur environ mille fois la longueur des insectes qui les construisent. Ainsi, toute proportion gardée, un nid de termites est onze fois plus élevé que le plus haut de nos monumens. Pour être seulement son égale, la grande pyramide devrait s’élever à plus de 1,600 mètres au-dessus du sol et dépasser la hauteur du Puy-de-Dôme.

Ces montagnes artificielles sont d’une solidité à toute épreuve. Pendant qu’elles sont encore en construction, et que leur dôme arrondi est encore accessible aux bœufs sauvages, on voit souvent la sentinelle de quelque troupeau debout sur leur sommet. Smeathman, Jobson et autres voyageurs montaient habituellement sur ces termitières pour dominer le pays, ou s’embusquaient parmi les tourelles qui les hérissent, pour attendre le gibier au passage, et cependant, comme les colonnes dont nous parlions tout à l’heure, ces monticules sont creux. Placés au centre du terrain qu’exploite chaque colonie, ils en sont pour ainsi dire la capitale, et, comme nos grandes cités, ils ont leurs rues et leurs places publiques où circule sans cesse une population innombrable, leurs magasins toujours combles de provisions, leurs hôpitaux des enfans trouvés, où les générations nouvelles s’élèvent par les soins de la communauté, et leur palais de souverains qui sont bien en réalité les père et mère de leurs sujets.

Que mes lecteurs consultent avec moi la curieuse planche où l’auteur anglais a figuré un de ces monticules coupé par le milieu. Voici d’abord des parois presque aussi dures que de la brique et épaisses de 60 à 80 centimètres. Des galeries plus ou moins cylindriques sont percées dans ces murailles et augmentent de diamètre vers la base, où les plus grandes atteignent jusqu’à 35 centimètres de large et s’enfoncent sous terre à près d’un mètre et demi de profondeur. Ces dernières sont à la fois des carrières et des déversoirs. Ce sont elles qui ont fourni les matériaux de l’édifice, et en cas d’inondation elles recevraient et perdraient profondément dans le sol l’eau, qui ne peut atteindre ainsi les quartiers populeux. Les autres galeries, qui serpentent obliquement en tous sens, s’embranchent les unes sur les autres, et arrivent jusqu’au dôme et dans les moindres tourelles, sont autant de routes servant uniquement au passage des travailleurs occupés de maçonnerie. Cet ensemble n’est pas encore, la ville ; il n’en est pour ainsi dire que le rempart, ou, pour employer une image