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établissemens destinés à l’instruction, surtout à l’instruction élémentaire. J’ai sous les yeux un rapport fait en 1830 à la société pour le progrès des écoles publiques. Il y est dit que « presque partout la loi sur l’éducation est comme une lettre morte ; que dans une telle conjoncture le devoir de la société est de redoubler d’efforts, d’exciter la Pensylvanie à manifester son énergie dans cette noble cause, et à montrer par là le degré de sa culture intellectuelle aussi pleinement qu’elle déploie maintenant ses ressources physiques. La société provoquera par tous les moyens possibles une disposition législative qui crée des écoles normales. En attendant, elle déclare qu’elle a déjà fourni un certain nombre d’instituteurs aux différentes parties de l’état, qu’elle a organisé des écoles dans des régions reculées qui en manquaient. » On voit quelle est la double action de ces sociétés particulières : instances auprès de la législature en agitant l’opinion publique, action directe en trouvant des instituteurs et en fondant des écoles. Faire et faire faire, telle pourrait être la devise de ces innombrables associations qui couvrent l’Amérique, et qui appellent l’attention publique sur les institutions destinées à pourvoir aux besoins religieux, moraux, intellectuels du peuple, sur l’état des prisons, des hospices, des écoles. Elles agissent sur le gouvernement par la force de l’opinion, interviennent elles-mêmes pour donner l’exemple et montrer la direction à suivre. Ce mouvement, cette agitation ont amené une rénovation du système des écoles dans la ville de Philadelphie. En 1836, elles ont éprouvé une amélioration radicale en devenant entièrement publiques, en s’ouvrait à toute la communauté, et on a établi une haute école centrale. Depuis cette époque, les progrès ont été considérables. En 1839, il y avait seize écoles, cent quatre-vingt-dix maîtres et un peu moins de dix-neuf mille élèves. Dans l’année scolaire 1850-1851, le nombre des écoles créées à l’aide du fonds public, s’est élevé à soixante, le nombre des maîtres à sept cent quatre-vingt-un, et à neuf cent vingt-huit en comptant ceux engagés dans les hautes écoles. Le chiffre des élèves a dépassé quarante-huit mille. La proportion des instituteurs aux élèves était en 1839 de un à cent ; maintenant elle est de un à soixante. On voit qu’ici comme à New-York l’instruction s’est accrue dans une plus grande proportion que la population elle-même.

Au lieu de 190,000 dollars, dont au moins un cinquième, dans la première période, était fourni par le trésor de l’état, on a dépensé pour les écoles, dans la seconde, plus de 366,000 dollars provenant surtout des taxes locales (county taxation), et dont l’état n’a fourni qu’un onzième[1].

  1. Annual Report of the controllers of the public schools. Philadelphie, 1851.