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surtout la main droite qui retient la flèche près de partir, et dont les doigts présentent la souplesse la plus heureuse, sont dignes des beaux temps de l’art grec.

On a recueilli en outre, dans les fouilles de cette partie du palais, un grand nombre d’objets curieux. Nous nous bornerons à signaler des espèces d’œils de bœuf cylindriques en terre, sans vitres, destinés à laisser pénétrer l’air et la lumière dans les édifices, — parfaitement semblables à ceux que les habitans de Mossoul placent de nos jours dans l’épaisseur des murs de leurs terrasses, et qui leur permettent de voir ce qui se passe à l’extérieur sans être vus ; — différens vases en cuivre ; une jolie fiole en verre blanc, d’une forme très élégante, recouverte à l’intérieur d’une substance à reflets nacrés, et ornée de deux anses en verre rouge. Une petite coupe ou cornet du même verre que la fiole est enjolivée d’une série de dessins coloriés en rouge et en bleu formant relief, ce qui nous prouve que les Assyriens connaissaient le verre et les émaux, et les appliquaient à tous les usages. Signalons également des clous en cuivre à tête argentée, de petites cornes en cuivre qui ont dû appartenir à une idole, un cachet en pierre calcaire représentant une branche d’arbre, un petit taureau en bronze malheureusement en très mauvais état, et enfin de grands cylindres en argile renflés vers le milieu et de forme décagone, dont chacun des dix pans est recouvert de six, sept ou huit lignes d’inscriptions cunéiformes, d’une écriture extrêmement fine et déliée, des cylindres creux à l’intérieur, et que M. Place suppose avoir été moulés en deux morceaux rapportés, sont percés d’un trou dans toute leur longueur, comme s’ils avaient dû être enfilés à la suite l’un de l’autre. Leur hauteur est de vingt-trois et de vingt-cinq centimètres, leur circonférence de quarante à quarante-six centimètres. M. Rawlinson, à qui M. Place a communiqué cette curieuse découverte, a reconnu que les inscriptions de ces cylindres étaient du même genre que celles des grands taureaux. Il paraîtrait qu’elles contiennent encore une énumération des titres et des conquêtes du roi Sargon, dont plusieurs passages sont nouveaux et présentent une véritable importance historique. Une autre de ces inscriptions indique et énumère les monumens, temples, palais, portes, colonnes, etc., que ce même roi Sargon a fait construire pour embellir sa ville.

Les fouilles du palais et des monticules isolés que l’on supposait être les tours de l’enceinte de la ville ont été conduites simultanément et avec une merveilleuse activité. Déjà au pied d’une de ces éminences, on avait découvert une sorte de voie cyclopéenne, formée de pierres irrégulières de grande dimension et pénétrant dans l’intérieur de la cité, tout à fait au-dessous de l’alignement des murailles.