Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 2.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont placés à une grande profondeur, et ce n’est point, comme lui, par des tranchées à ciel ouvert que nous les découvrons, mais par de véritables tunnels. Il est tout naturel que M. Botta, qui n’était guidé par aucun travail antérieur, et qui n’avait pour base que le petit nombre des observations recueillies par lui-même, ne trouvant rien à la suite de plusieurs fouilles pratiquées dans les mêmes conditions que celles qui lui avaient donné de si beaux résultats, ait conclu à l’absence ou à la ruine complète des anciens bas-reliefs. Il n’y a rien là qui puisse surprendre et qui amoindrisse l’immense portée de sa découverte, laquelle reste pleine et entière malgré cette légère erreur. Aussi je tiens essentiellement à ne point paraître diminuer en quoi que ce soit le mérite si incontestable de son ouvrage, qui respire d’ailleurs à chaque page tant de modestie : je constate seulement les faits que je découvre, afin que les savans puissent plus facilement établir sur les monumens assyriens une doctrine qu’il eût été malaisé d’improviser au premier abord. C’est en marchant dans la voie ouverte par M. Botta, el en tirant parti des renseignemens qu’il a donnés, que l’on peut rectifier quelques légères erreurs au début, erreurs qu’il aurait sans doute corrigées lui-même, si, au lieu du tiers à peine du monticule, il avait pu en explorer la totalité, et s’il avait été à même d’étudier les immenses travaux faits après son départ à Nimroud et à Kouyoundjeck, où les Anglais ne laissent pas un mètre de terre sans le bouleverser. »

On a reçu en France plusieurs dessins photographiés de ces sculptures ; quelques-uns sont rehaussés de vermillon, de noir ou d’un bleu d’outre-mer magnifique dont on a retrouvé dans les fouilles un pain de la grosseur d’un œuf de pigeon. M. Place a indiqué au moyen de l’aquarelle ces brillantes enluminures. Les plus intéressans de ces fragmens doivent être rapportés en France, où ils ne seront pas un des moins précieux ornemens du musée assyrien. D’autres bas-reliefs, les mieux conservés peut-être qu’on ait encore découverts et les plus rares quant à la matière, méritent également le transport en France. Ce sont de magnifiques plaques en basalte de plus d’un mètre et demi de hauteur, représentant, l’une trois personnages à la file tenant chacun dans la main une petite forteresse flanquée de tours, assez semblable à un jouet d’enfant, et qu’on croit être l’emblème d’une ville conquise ; l’autre, une chasse aux oiseaux dans un bois. L’un des chasseurs n’a pas de barbe, et à son embonpoint on reconnaît un eunuque ; de ses flèches il a déjà frappé un oiseau, et il en vise un autre. Le second chasseur, fort barbu et plus petit, pour indiquer sans doute un degré d’infériorité sociale à l’égard du chasseur dont il ramasse le gibier, tient à la main un oiseau qui a été frappé et qui se débat. Toute la partie supérieure du chasseur qui tend l’arc, et particulièrement la tête, les bras et les mains, mais