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et garantis dans les mêmes termes aux citoyens ou aux sujets de l’autre partie.

« Les parties contractantes prennent l’obligation d’engager tout état, avec lequel elles ont des rapports d’amitié, à devenir partie dans cette convention d’après les principes qui les ont guidées elles-mêmes, afin que tous les états puissent participer à l’honneur et à l’avantage d’avoir contribué à une œuvre d’un Intérêt aussi général et d’une aussi grande importance que l’est le canal projeté ; les parties contractantes conviennent également d’ouvrir chacune des négociations avec tel ou tel des états de l’Amérique centrale qu’elle le jugera convenable dans le but d’arriver plus facilement à la réalisation du projet pour lequel ce traité a été signé.

« Les gouvernemens de la Grande-Bretagne et des États-Unis ne s’étant pas proposé pour but unique, en signant ce traité, une œuvre spéciale, mais voulant aussi établir un grand principe, ils conviennent, par les présentes, d’étendre leur protection, et cela par actes diplomatiques, à toutes autres voies de communication, soit canal, soit chemin de fer il établir à travers l’isthme qui unit l’Amérique du Nord à celle du Sud, et particulièrement aux communications entre les deux mers, pourvu qu’elles soient praticables, soit canal, son chemin de fer qu’il est maintenant question d’établir par Tehuantepec ou Panama. »


Les principes généraux du traité Clayton-Bulwer sont, comme on le voit, inspirés par l’esprit le plus libéral. Quant aux autres articles, ils règlent les moyens d’exécution ; ils stipulent la neutralité absolue du canal pour le cas de guerre entre qui que ce soit ; ils s’ingénient à trouver des garanties pour assurer à la navigation de tous les peuples la plus grande somme de sécurité et de liberté qu’il sera possible. Dans cette pensée, ils prescrivent aux parties contractantes d’employer leurs efforts pour arriver à établir aux deux extrémités du canal des ports francs, c’est-à-dire qu’en fait ils déclarent la neutralité et la franchise de Saint-Jean de Nicaragua, devenu Grey-Town pour les Américains comme pour les Anglais.

Quel que soit le mérite de ce traité par rapport à l’avenir, et surtout de celui qui l’a suivi et qui fut signé par Daniel Webster pour les États-Unis et par M. Crampton pour l’Angleterre, il n’est pas moins vrai que, considéré par rapport au passé et dans la position qu’y prennent les deux puissances, ils impliquent pour chacune d’elles la violation de quelques-uns des principes essentiels du droit des gens. En faisant si bon marché des droits qu’elle avait revendiqués à coups de canon sur le port de Saint-Jean, au nom du roi des Mosquitos, l’Angleterre n’avoue-t-elle pas tous les torts qu’elle a eus dans cette affaire vis-à-vis de l’état inoffensif et ami de Nicaragua ? Les combats qu’elle a livrés pour s’en emparer peuvent-ils être regardés autrement que comme des actes de la plus indigne violence ? L’occupation qu’elle y maintient, est-ce autre chose qu’une longue