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De toutes les nations dont l’histoire se mêle à celle de la France, la Belgique est celle qui nous touche le plus près sans doute non-seulement par les frontières, mais par les intérêts. On n’a point certainement oublié toutes les questions délicates et un moment épineuses soulevées l’an dernier au sujet des relations commerciales des deux pays. Ces questions n’existent plus heureusement ; mais il restait, comme on sait, des négociations nouvelles à poursuivre pour le règlement définitif des difficultés que l’expiration du traité de 1845 laissait en suspens. Ces négociations, d’abord interrompues par suite du remplacement du ministre de France à Bruxelles, sont sur le point d’être reprises ; elles paraissent même devoir aboutir assez tôt à un résultat pour que le nouveau traité puisse recevoir l’assentiment des chambres belges dans la présente session, qui se termine au mois de juin. C’est, comme on voit, un délai assez court laissé aux négociations que M. His de Butenval dirige au nom de la France. Du reste, la vie politique de la Belgique se poursuit aujourd’hui sans aucune de ces complications particulières qui tiennent tout en suspens ; elle se résume, dans ces derniers temps, en quelques faits qui suffisent à la caractériser. Le premier, sans aucun doute, c’est la prochaine majorité du prince royal de Belgique, et à cette occasion le cabinet belge a proposé aux chambres un projet de dotation de 200,000 francs. C’est le 9 avril que le duc de Brabant atteint l’âge de dix-huit ans, fixé par la constitution. Héritier présomptif du trône, il est aujourd’hui ou il va être du moins en possession de toutes les conditions pour exercer au besoin les prérogatives de la royauté. C’est là sans nul doute une garantie de plus pour la jeune monarchie belge, que le roi Léopold, par sa sagesse, a contribué à affermir à l’issue d’une révolution. Tout récemment encore, le gouvernement belge mettait un terme à une des dernières conséquences de cette révolution par l’établissement officiel de rapports diplomatiques entre la Belgique et la Russie. Ce n’est point qu’au fond l’empereur Nicolas put méconnaître le caractère indépendant du royaume belge, puisqu’il avait été partie intervenante dans la conférence de Londres en 1831 ; mais nul rapport n’avait été établi. La révolution de 1848 et le 2 décembre ont fait ce que dix-huit années n’avaient pu faire ; ces deux événemens ont rapproché les deux gouvernemens. Il était facile de le pressentir l’an dernier, lorsque le cabinet de Bruxelles avait pris des mesures pour que tous les officiers polonais servant dans l’année belge cessassent d’en faire partie. C’était là le premier gage du rétablissement des relations diplomatiques entre Bruxelles et Saint-Pétersbourg. La mesure qui a atteint les officiers polonais date de l’an dernier, disions-nous ; mais elle a donné lieu assez récemment à une proposition parlementaire tendant à appliquer la même règle à tous les officiers d’origine étrangère. C’est un représentant, M. de Perceval, qui a fait cette proposition. Quel en était le sens ? Elle avait trop visiblement pour but d’atteindre des officiers d’origine française, dans un sentiment qu’il est plus facile de deviner que d’expliquer. Peut-être avait-elle encore un sens plus personnel. Toujours est-il que, sur les pressantes sollicitations du cabinet, la chambre ne s’est point associée à cette pensée. Une quasi-unanimité a repoussé la proposition de M. de Perceval, qui était un appel assez inopportun aux susceptibilités nationales. Parmi les actes récens du cabinet de Bruxelles, ce qu’il y aurait enfin à noter, c’est le projet de loi