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dollars (plus de 5 millions de francs) ce qu’il faudrait pour restituer leur vigueur et leur richesse primitives aux terres arables des États-Unis, qui ont été en partie dépouillées de leur fertilité. » Il semble donc que le temps soit venu, au moins pour quelques états, de changer de système. Je ne doute pas que, le jour où cette nécessité sera évidente, les cultivateurs américains ne lui obéissent. Ces cultivateurs forment, ainsi que je l’ai dit, une des portions les plus intelligentes de la population des États-Unis, et il n’y a pas de danger que, semblables aux paysans d’une grande partie de la France, ils soient retenus par la routine, car il n’y a rien de moins routinier que le peuple américain. Déjà on remarque des progrès sensibles ; en cela comme en autre chose, les inconvéniens nés des circonstances particulières où les Américains se trouvaient placés se corrigent par le développement de l’intelligence et la diffusion des connaissances utiles que partout des sociétés agricoles travaillent à répandre. De fréquentes exhibitions excitent l’émulation des cultivateurs. Ce sont parfois de véritables fêtes nationales qui attirent un concours immense et qu’on célèbre avec une grande solennité. La dernière exhibition agricole de Rochester a été présidée par M. Douglas, un des candidats à la présidence des États-Unis. La société agronomique de l’état de New-York tend à donner une vive impulsion aux perfectionnemens de l’agriculture. Son secrétaire, M. Johnson, revient d’Europe, où il a été se mettre en rapport avec les hommes les plus habiles et étudier les procédés les plus perfectionnés. Le musée agricole d’Albany, que je viens de visiter, est curieux en ce qui concerne les produits de l’état de New-York ; mais il est loin d’offrir cette abondance et cette variété d’instrumens aratoires qu’on rencontre dans les grandes fermes anglaises. On m’assure que le clod-cruslier n’est pas connu en Amérique, lui revanche, on m’a montré une charrue américaine forte et légère, qui opère vite et bien : les deux conditions de succès aux États-Unis. À côté, on a placé la vieille et lourde charrue française, dont on se sert encore au Canada. L’aspect de ces deux outils montre vivement la différence des deux peuples sous le rapport de l’activité progressive. Je m’enquiers naturellement du drainage, cette méthode d’améliorer les terres qui produit maintenant en Angleterre de si grands résultats, et j’apprends que, dans l’état de New-York, quatre manufactures forment incessamment des tuyaux à drainer. Il y a donc un mouvement vers le progrès agricole dans cet état. On attend une nouvelle impulsion du collège qu’on va fonder à Albany, et pour lequel 100,000 francs de souscription ont déjà été recueillis. On y donnera gratuitement une instruction supérieure à soixante-quatre élèves. On y professera le droit, la médecine et les sciences. Un citoyen et une dame d’Albany ont fourni une somme considérable pour l’érection d’un observatoire : la minéralogie