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vêtement pompeusement exposé aux regards, le spectateur se trouve un peu traité comme un valet de chambre et médiocrement disposé à l’enthousiasme. Passe pour l’uniforme que Nelson portail quand il fut frappé du coup mortel, et qu’on montre à Greenwich. Le sang généreux dont il est, je ne dirai pas taché, mais paré, éloigne toute idée vulgaire. Il faut du sang pour faire d’un habit une relique.

Ce que je ne puis concevoir, c’est qu’on laisse parmi les échantillons dont se compose ce musée des enluminures très indignes d’y figurer, entre autres celle qui représente une femme couchée et dont la longue chevelure tombe jusqu’à terre, tandis qu’un petit monstre représentant, je pense, le cauchemar est assis sur sa poitrine. Chacun a pu voir à la porte des coiffeurs de Paris ce chef-d’œuvre, qui n’est autre chose qu’une réclame d’un marchand de pommade pour montrer combien la sienne fait croître abondamment les cheveux des dames. J’ai rencontré avec quelque surprise un tel objet d’art dans le musée ethnographique de Washington.

L’observatoire de Washington a, comme celui de Cambridge, été le théâtre de plusieurs observations astronomiques d’une certaine importance. En 1846, après la découverte de la planète Neptune, M. Walker, attaché à cet établissement, reconnut que cette planète avait été vue en 1795 par Lalande, qui l’avait prise pour une étoile ; ce qui fournissait des observations datant de cinquante années et mit M. Walker en état de déterminer les élémens de son orbite. La même année, M. Maury, directeur de l’observatoire, découvrit le premier ce fait singulier, que la comète de Biela s’était partagée en deux morceaux. Le ciel a ses révolutions comme la terre, et les astres se brisent comme les empires.

Dans cet observatoire se voit l’horloge électrique du docteur Locke, application ingénieuse de l’électro-magnétisme aux observations astronomiques, qui, combinée avec le télégraphe électrique, permet, selon l’expression de M. Maury, à un astronome observant à Washington de faire entendre à Saint-Louis les battemens de son horloge magnétique et de diviser, grâce à cet instrument, les secondes en centièmes avec la dernière exactitude. Les beaux travaux hydrographiques de M. Maury sont connus de toute L’Europe. Le patriarche de la science, M. de Humboldt, leur a rendu une éclatante justice. « Je vous prie, écrivait-il à un correspondant, d’exprimer à M. Maury, l’auteur des belles Cartes des vents et des courans, ma reconnaissance de cœur et mon estime. C’est une grande entreprise, aussi importante pour le navigateur pratique que pour le progrès de la météorologie en général. Elle a été considérée ainsi en Allemagne par toutes les personnes qui s’intéressent à la géographie physique. » Les cartes marines exécutées sous la direction de