Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 1.djvu/929

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en tout, ou 5 francs par hectare ; cet impôt est donc le cinquième environ, en valeur nominale, de ce qu’il est en Angleterre.

À ces chiffres, il faut ajouter l’income tax, qui a quelque analogie avec notre contribution personnelle et mobilière, et qui emporte encore environ 3 pour 100 du revenu net clés propriétaires et 1 1/2 pour 100 de celui des fermiers. Les impôts sur les propriétés bâties, dont les propriétaires ruraux supportent leur part, sont dans la même proportion que ceux qui portent sur la terre proprement dite. Enfin les taxes indirectes, outre qu’elles réduisent en fait le revenu des propriétaires en élevant le prix de toutes les denrées, pèsent lourdement sur quelques-uns des produits agricoles, notamment sur l’orge, qui sert à la fabrication de la bière et qui ne paie pas moins de 125 millions de francs ; il a été récemment question de réduire cet impôt, mais rien n’est encore décidé. Notre impôt des boissons produit, comme on sait, 100 millions.

La propriété rurale anglaise est, il est vrai, affranchie en partie d’une charge qui atteint largement la terre en France, l’impôt sur les successions, les mutations et les hypothèques ; mais cette franchise, qui n’est réelle que pour les terres île franc-aleu ou freeholds, et qui manque aux terres soumises aux droits seigneuriaux ou copyholds, perd beaucoup de son importance, quand on songe aux frais de tout genre qu’entraîne l’incertitude de la propriété anglaise par l’absence d’un bon système d’enregistrement.

Voilà donc un premier résultat de cette grande production anglaise, l’élévation possible de l’impôt. Je ne m’arrêterai pas à montrer la richesse qui en résulte pour le pays en général et pour l’agriculture elle-même, qui profite la première des dépenses faites avec son argent. Il est bien évident que, si la propriété rurale française pouvait payer beaucoup plus d’impôt, la face de nos campagnes changerait bien vite : elles se couvriraient de chemins ruraux, de ponts, d’aqueducs, de travaux d’art, qui leur manquent aujourd’hui faute de fonds, et qui abondent chez nos voisins.

Après l’impôt viennent les frais accessoires de la culture : tels sont les achats d’engrais artificiels, l’entretien des machines aratoires, les renouvellemens de semences et d’animaux reproducteurs, etc. ; c’est tout au plus si le cultivateur français peut consacrer en moyenne 4 ou 5 francs par hectare à ces dépenses si productives, tandis qu’on ne pouvait pas les évaluer, même avant 1848, à moins de 25 francs par hectare en moyenne pour tout le royaume-uni, et à moins de 50 francs pour l’Angleterre proprement dite. C’est, comme on voit, de huit à dix fois plus qu’en France, même avec la réduction de 20 pour 100. Tel est le second effet de cette production supérieure : plus on produit, plus on peut consacrer de ressources à l’accroissement